PSA Aulnay-sous-Bois : Malgré les coups bas de la direction, la grève se poursuit !23/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/01/une2321.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA Aulnay-sous-Bois : Malgré les coups bas de la direction, la grève se poursuit !

L'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois est à l'arrêt total depuis mercredi 16 janvier. La direction a d'abord essayé de minimiser cette grève, avant de décider de fermer (lockouter) l'usine vendredi 18 janvier. Mais durant toute la semaine la grève s'est renforcée.

Une grève déterminée et militante

La grève rassemble non seulement les travailleurs qui ont été de toutes les actions depuis 18 mois et qui ont appris ensemble à s'organiser, mais aussi des travailleurs qui n'avaient jusqu'ici pas ou peu débrayé. Et ils découvrent avec les autres les joies et les difficultés de la grève, mais surtout l'enthousiasme et la fierté d'un mouvement de lutte collective.

Jusqu'au vendredi 18 janvier, les travailleurs en grève occupaient l'usine et la gardaient sous leur surveillance, avec le soutien chaleureux des intérimaires et même des travailleurs qui n'avaient pas encore franchi le pas de se mettre dans la lutte. Les premiers jours, après un tour de l'usine par petits groupes, pour aller vérifier que la direction n'essayait pas de faire reprendre les chaînes, tout le monde se retrouvait en assemblée générale au Montage, sur ce qui a déjà été surnommé la « place de la Grève ». Dès le début du mouvement, un comité de grève a été élu, qui se réunit chaque jour et rend compte quotidiennement de son activité devant les salariés. Les grévistes ont commencé à organiser des commissions pour gérer les collectes, les actions etc.

Du côté de la direction : petits reculs et grosses provocations

Le jeudi 17, la direction a amorcé un petit commencement de recul. La prime proposée à ceux qui se feront muter sur un autre site est passé de 5 000 euros brut et imposables à 5 000 euros net, l'indemnité de licenciement est passée de six à neuf mois de salaire mais seulement pour ceux de plus de dix ans d'ancienneté. Les sommes proposées restent indignes, et il n'y a toujours rien sur des garanties de reclassement. On est encore loin de ce qu'exigent les grévistes : un CDI pour tous, et la retraite à 55 ans pour les anciens. Mais ces petits reculs faisaient dire aux grévistes que pour deux jours de grève, c'était un bon début.

Il est évident que la grève fait peur, non seulement à la direction mais, au-delà, au gouvernement et au patronat car elle pourrait donner des idées à d'autres travailleurs touchés par les licenciements. Samedi à l'usine de Poissy, au lendemain de la manifestation des grévistes à l'usine de Saint-Ouen, une quinzaine de cars de CRS étaient dépêchés en urgence pour « protéger » l'usine. Le patron de PSA et le ministère de l'Intérieur travaillent visiblement main dans la main, contre les travailleurs.

Vendredi 18 après-midi, la direction a tenté d'affaiblir la grève en faisant fermer l'usine. Et lundi 21 au matin, visiblement très inquiète d'une tentative de passage en force des grévistes, elle avait barricadé l'usine : parkings fermés et, devant les grilles, vigiles et groupes de cadres étaient organisés en groupes d'intervention.

Peine perdue. Ce matin-là, deux cents grévistes ont tranquillement laissé les cadres grelotter devant les grilles, sous la neige, et se sont rassemblés bien au chaud à l'Union locale CGT d'Aulnay pour organiser leur journée, réunir les commissions, préparer les collectes et les actions à venir. Ils ont mis en place des cartes de grève, ont organisé leur ravitaillement.

Le moral est solide chez les grévistes. Mardi 22, ils se sont retrouvés encore plus nombreux à l'Union locale -- l'usine étant toujours fermée -- au grand désespoir de la direction qui a raté son opération. Ils ont mené plusieurs actions dans la journée. Le matin, ils sont allés recouvrir d'affiches des concessionnaires Peugeot des environs et l'après-midi, ils sont allés organiser une collecte au péage de Senlis dans une ambiance très chaleureuse malgré le froid, très militante vis-à-vis des automobilistes qui faisaient de nombreuses démonstrations de solidarité, verbales et financières.

Le comité d'entreprise tenu mardi après-midi 22 janvier a encore repoussé la réouverture, décidant que le lendemain mercredi serait chômé. Mais il a été annoncé que tous les salariés seront payés, ce qui a évidemment fait plaisir à tous. Mais en même temps, la direction démarre une campagne de calomnies contre les grévistes, les traitant de voyous, de casseurs, de saboteurs voire de terroristes contre le reste des ouvriers. La presse reprend avec complaisance ces propos qui visent uniquement à salir les grévistes pour en finir avec la popularité dont ils jouissent. Mais même cela n'atteint pas le moral des travailleurs en lutte qui sont bien décidés à se réapproprier l'usine dès qu'elle rouvrira et à convaincre les hésitants de se joindre à la grève.

Il y a encore des ouvriers à convaincre de la nécessité de la grève, dont beaucoup ont déjà participé à de précédents débrayages. Et si déjà les travailleurs se sentent forts à plusieurs centaines, ils savent que leur force sera bien plus déterminante lorsqu'ils seront mille et plus.

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