France Télécom : Un accord senior... pour réduire les effectifs23/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/01/une2321.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

France Télécom : Un accord senior... pour réduire les effectifs

Un nouvel accord sur l'emploi des seniors vient d'être signé à France Télécom. Il propose à ceux qui ont plus de 55 ans de passer à temps partiel jusqu'à la retraite. Le sacrifice que doit accepter le salarié est important : temps partiel à 50 % payé 65 %, ou à 60 % payé 75 %. La direction espère que 10 000 d'entre eux accepteront d'entrer dans ce dispositif.

Beaucoup hésitent devant cette proposition, car ils ont souvent besoin de tout leur salaire pour leurs enfants encore scolarisés, ou pour continuer à payer leurs crédits immobiliers. Ceux qui acceptent le font pour échapper à une situation qui s'aggrave de jour en jour à France Télécom. Mieux que tous les sondages, cela traduit la dégradation de l'ambiance.

Car le personnel subit actuellement l'effet du précédent accord senior et le non-remplacement des départs à la retraite. Les charges de travail s'accumulent sur le dos de ceux qui restent et les salariés craignent avec raison d'avoir à affronter demain des conditions de travail plus détériorées. Seuls 4 000 recrutements sont annoncés dans les trois ans à venir, alors que cet accord prévoit 10 000 départs à la retraite sur quatre ans.

La direction se félicite du fait que 80 % des organisations syndicales représentatives (CFDT, FO, CGC, CGT) soient favorables à cet accord. Mais dans la réalité c'est là une réduction des effectifs programmée à partir du non-remplacement des départs à la retraite ! Et, ne serait-ce que pour cette raison, il n'aurait jamais dû être signé par ceux qui prétendent défendre les intérêts des salariés. Surtout, on a pu le vérifier avec l'accord précédent, la direction fait ce qu'elle veut en matière de recrutement et les syndicats n'ont aucun contrôle sur les embauches, leur nombre ou leur localisation. Il n'y a pas de raison que cela ne continue pas et les syndicats qui expliquent qu'ils signent pour pouvoir participer aux commissions de suivi bidon ne peuvent l'ignorer.

Le PDG Stéphane Richard en convient d'ailleurs, les conditions de travail deviennent difficiles. Mais pour lui, il faut faire avec ! Il essaie tout au plus de ne pas se retrouver dans la période sombre de 2009, qui avait vu une série de suicides parmi le personnel. En attendant, la direction s'appuie sur les données du dernier sondage interne -- ce fameux « baromètre social », qui indique que la majorité du personnel souffre de stress, mais estime que ce n'est pas pire qu'ailleurs -- et elle utilise la méthode Coué pour se convaincre que tout va mieux !

Dans cette période de crise où la concurrence s'exacerbe et où les marges sont difficiles à tenir, France Télécom a dû sortir un produit low cost, Sosh, pour s'aligner sur les tarifs de son concurrent Free. Cet accord, pour elle, c'est donc tout bénéfice. Ce qu'elle a perdu d'un côté, elle tente de le récupérer de l'autre : en s'en prenant à la masse salariale. Comme le dit Le Figaro, « cet accord devrait rassurer les marchés, qui y verront le bénéfice d'une économie de masse salariale potentielle de plusieurs millions d'euros ».

Il serait normal que ceux qui ont travaillé des dizaines d'années pour France Télécom puissent souffler. Mais cela supposerait qu'on ne touche pas à leur niveau de vie, et que cela ne se fasse pas sur le dos de ceux qui restent. France Télécom a accumulé suffisamment de profits, et continue à en faire. Elle a les moyens de remplacer tous les départs et de payer des préretraites correctes, mais il faudra le lui imposer !

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