Les recensements effectués par l'Insee, l'institut officiel des statistiques, ne renseignent pas seulement sur l'importance de la population vivant en France, ils donnent diverses informations sur les conditions de vie des habitants. Entre autres, ces recensements nous apprennent que le nombre de personnes travaillant dans une autre région que celle de leur domicile a augmenté de 27 % de 1999 à 2009. Ainsi, près d'une personne sur cinq habitant en Picardie travaille dans une autre région, le plus souvent en Île-de-France. Dans le même temps, la proportion d'actifs urbains travaillant dans l'agglomération où ils résident a baissé, passant de 71 à 68 %.

L'Insee donne plusieurs explications à cette évolution : la concentration des emplois dans les zones urbaines alors que de plus en plus de ménages choisissent d'habiter loin des agglomérations, pour diminuer les dépenses en logement et bénéficier d'un meilleur cadre de vie ; le nombre croissant de couples dont les deux membres travaillent, ce qui rend plus difficile de trouver des emplois situés dans des lieux proches et impose à l'un des deux conjoints des déplacements domicile-travail importants.

Tout cela signifie davantage de fatigue, de temps passé loin de chez soi, ainsi que des frais de déplacement plus élevés. L'accord dit de « sécurisation de l'emploi » récemment concocté par le patronat va encore aggraver les choses, en imposant aux salariés la mobilité interne, c'est-à-dire en les obligeant à se déplacer d'un site à l'autre de l'entreprise au gré des besoins de la production.