Les travailleurs doivent riposter à la guerre... que le patronat leur mène23/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/01/une2321.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Les travailleurs doivent riposter à la guerre... que le patronat leur mène

Pendant que l'armée française est en guerre au Mali, on parle moins d'une autre guerre, elle aussi appuyée par le gouvernement, mais engagée ici-même en France : il s'agit de l'offensive menée par le patronat dans son ensemble contre les emplois, les salaires, les conditions de travail et les droits des travailleurs. Et c'est bien une guerre.

Les travailleurs de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois, en région parisienne, sont en grève depuis le 16 janvier contre un patron qui veut fermer leur usine et supprimer 11 200 emplois sur l'ensemble du groupe. PSA, riche à milliards, vient d'obtenir du gouvernement une aide de sept milliards d'euros et a l'audace de dire que tout cela est nécessaire pour sa « compétitivité » ! Ce groupe voudrait forcer les travailleurs de PSA Aulnay à se plier à ses conditions, quelles que soient les conséquences pour eux. Ils ont décidé de ne pas se laisser faire.

Il y a quelques jours, c'est aussi Renault, l'autre grand patron de l'automobile, qui a annoncé 8 260 suppressions d'emplois pour les années qui viennent. Renault parle de réductions d'effectifs et dit qu'il n'y aura pas de licenciements. Mais, de toute façon, ce serait des emplois en moins pour tous ceux qui en cherchent un, et donc encore plus de chômage.

Cette annonce vient au moment où Renault voudrait faire signer par les syndicats un accord dit de « compétitivité », imposant une augmentation du temps de travail équivalant à plus de dix journées de travail supplémentaire gratuit par an. Au moment où les patrons de ce secteur se plaignent de la baisse des ventes de voitures, ils voudraient obliger leurs ouvriers à travailler plus en étant moins nombreux et en gagnant moins.

Renault voudrait en même temps imposer la mobilité entre sites. Cela obligerait les ouvriers à aller d'une usine à l'autre, parfois à 150 kilomètres de distance, au bon vouloir du patron, quitte à devoir se loger en camping avec une indemnité de déplacement ridicule. Pour faire passer ce projet, Renault dit que c'est la condition pour qu'il ne ferme pas d'usine en France. Mais 8 260 suppressions d'emplois, cela revient à fermer trois usines ! C'est une autre façon de faire comme PSA.

Renault, PSA et les autres grands patrons sont d'autant plus à l'offensive que le gouvernement Hollande-Ayrault a, de son côté, fait signer par plusieurs syndicats -- sauf la CGT et FO -- un accord dit de « flexi-sécurité ». Celui-ci autoriserait tous les patrons à imposer des horaires flexibles et des baisses de salaire s'ils l'estiment nécessaire, là encore pour leur « compétitivité ».

Le gouvernement prétend qu'ainsi les emplois seraient sauvés tandis que les chômeurs auraient plus de garanties. C'est un mensonge sur toute la ligne, tout comme lorsqu'on affuble les plans de licenciements du nom de « plans de sauvegarde de l'emploi ». Si tout cela sert à sauvegarder quelque chose, ce sont les profits de riches patrons capitalistes qui veulent pouvoir l'être encore plus. Quand ils parlent de « compétitivité », c'est celle de leurs profits et des dividendes de leurs actionnaires.

Le patronat ne s'attaque pas qu'à ceux de l'automobile. C'est à tous les salariés qu'il veut imposer un recul de l'emploi, des salaires, des conditions de travail. Il prend prétexte de la crise et du chômage pour faire du chantage en leur disant : « C'est cela ou la porte ». Il met à profit la servilité d'un gouvernement qui devance tous ses désirs et ne fait même pas semblant de s'opposer aux fermetures d'usines et aux licenciements.

Les travailleurs de PSA Aulnay ont riposté et ils ont raison, comme tous ceux qui, dans le pays, sont en lutte contre de tels projets. Il n'y a rien à attendre d'un gouvernement qui se montre ouvertement complice du patronat. Il n'y aura que la force des travailleurs, s'ils se mettent en grève, s'ils manifestent, s'ils engagent la lutte de façon déterminée, qui pourra faire ravaler leur morgue à ces patrons qui se croient tout permis, et leur faire remballer leurs projets.

Le grand patronat, appuyé par le gouvernement, a engagé une guerre. Eh bien, il faut qu'il la perde ! Les travailleurs font tout fonctionner dans l'économie. S'ils refusent de travailler, rien ne se fait et du même coup la source des profits des capitalistes se tarit. Ceux de PSA Aulnay, avec d'autres, montrent la voie.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 21 janvier

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