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- Lutte ouvrière n°2304
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Dans les entreprises
PSA -- Aulnay-sous-Bois : Hollande penche du côté patronal
Jeudi 20 septembre, Hollande recevait une délégation des syndicats d'Aulnay. Ce rendez-vous avait été obtenu grâce à la pression exercée par les travailleurs au travers de leurs différentes actions depuis la rentrée de septembre.
Bien qu'il se soit engagé pendant sa campagne électorale à recevoir les ouvriers de PSA Aulnay, les travailleurs de l'usine ne voyaient rien venir. C'est pourquoi ils avaient voté en assemblée générale, la semaine précédente, d'aller en manifestation à l'Élysée.
C'est donc à plus de six cents qu'ils sont allés à Paris, malgré une panne de RER qui a découragé une partie d'entre eux. Depuis plus de douze mois, les ouvriers ont appris à s'organiser et à contourner les obstacles qui se présentent. Rejointe par des ouvriers de Saint-Ouen, Poissy, etc., la manifestation partie de Saint-Lazare est arrivée aux abords de l'Élysée.
L'appel à la grève et la manifestation de jeudi ont donc vidé l'usine. En fin d'équipe du matin ainsi qu'en début d'équipe de l'après-midi, les chaînes ne pouvaient pas tourner. Il est sorti à peine 75 voitures dans l'équipe du soir. Autant dire que, le lendemain, l'ambiance était à l'enthousiasme et tous ceux qui étaient à la manifestation voulaient exprimer leur satisfaction de s'être retrouvés ensemble, plus nombreux que les dernières fois. C'est la réussite de la manifestation qui a renforcé le moral des travailleurs. Quant à la rencontre avec Hollande, elle ne suscitait guère d'illusions et n'a pas apporté grand-chose, si ce n'est la satisfaction de lui avoir imposé ce rendez-vous.
Dans cette rencontre, seule la CGT a redit clairement qu'elle exigeait le gel du plan de licenciements avant de pouvoir entamer la moindre discussion, car il n'est pas question pour les travailleurs de se voir imposer des négociations le couteau sous la gorge. Mais ce n'est le point de vue ni de Peugeot, ni du gouvernement.
Hollande a annoncé la tenue d'une réunion tripartite (syndicats, direction, gouvernement), comme si cela représentait en soi une solution.
En fait le gouvernement, loin de vouloir empêcher PSA de licencier, est au contraire prêt à discuter de modalités pour financer des fausses solutions appelées « reconversion du site », qui permettraient à la direction de fermer l'usine tout en faisant miroiter des promesses bidon. De son côté, la direction proclame fièrement qu'elle veut bien participer à une réunion, à partir du moment où elle a la certitude qu'il s'agit de discuter des sommes que l'État versera, et non de ce qu'elle devrait concéder aux travailleurs.
Bref, ces réunions tripartites ne correspondent pas, en l'état, à ce que réclament les travailleurs. Il faut donc qu'ils imposent leur ordre du jour à ces réunions en continuant à se mobiliser.
D'ailleurs la semaine a été riche en nouvelles confirmant à quel point il faut se méfier des paroles de la direction. Depuis juillet dernier, Varin et Martin clament partout qu'il y aura 1 500 reclassements à Poissy. Mercredi dernier, on apprenait qu'à Poissy justement la direction envisage la suppression de 650 postes en octobre, puis début décembre celle de 850, avec la fin de l'équipe de nuit de la 208. Les intérimaires seraient mis à la porte et ces suppressions de postes montrent que pour l'instant la direction ment ouvertement sur la question des reclassements à Poissy. Elle avait aussi promis des reclassements chez Gefco, son sous-traitant de transport. Mais cette semaine aussi la nouvelle tombait qu'elle vendait Gefco à une société russe, tout en versant une prime de 100 millions de dividende aux actionnaires actuels.
Dans les ateliers, les chefs interviennent auprès de chaque ouvrier pour lui promettre un reclassement, surtout s'il ne manifeste pas, surtout s'il accepte son sort sagement. Mais les faits sont têtus, et la politique de la direction est suffisamment claire pour que le baratin des chefs prenne de moins en moins.
Les travailleurs continuent à discuter ensemble des actions à mener et des revendications à imposer, en particulier lors de ces réunions tripartites. La tenue d'assemblées générales regroupant tous ceux qui le veulent est le meilleur moyen d'y parvenir. Discuter ensemble, construire ensemble la mobilisation, contrôler ce qui se dit en leur nom, voilà la force principale des travailleurs. Et pour l'instant cette force continue à grandir.