Le magasin Ikea Paris Nord II connaît traditionnellement une forte affluence le week-end. Mais les samedi 22 et dimanche 23 septembre, ce sont des travailleurs en grève qui ont accueilli les clients, devant un magasin aux portes closes. Avec 90 % de grévistes sur un effectif de 480 personnes, la direction était bien incapable d'assurer le fonctionnement du magasin.

C'est une nouvelle organisation du travail qui a mis le feu aux poudres. Un logiciel organise maintenant le planning des salariés en fonction des objectifs quotidiens en chiffre d'affaires de la direction. Plus moyen de travailler à horaires fixes. Cela se traduit par la disparition des jours de congé fixes et par la baisse des temps de travail à salaires majorés (nuit et dimanche), avec des répercussions graves sur les salaires. Les grévistes dénoncent aussi les salaires de base insuffisants, le sous-effectif chronique et la charge de travail trop lourde, les plannings avec temps partiels étalés sur toute la semaine, permettant à la direction d'avoir les salariés sous la main vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les pressions de la hiérarchie...

Les syndicats de l'entreprise ont exigé que la direction vienne s'expliquer devant tout le personnel, ce qu'elle a d'abord refusé de faire, avant de s'exécuter à l'issue du deuxième jour de grève. Devant les syndicats, le directeur s'est engagé à revenir à l'ancienne organisation des plannings de travail. Mais la direction n'a pas accepté de discuter de ses méthodes de flicage des travailleurs et des militants syndicaux, ni de la discrimination à l'embauche. Mais surtout, elle n'a pour l'instant signé aucun engagement écrit. Les grévistes, en assemblée générale, ont néanmoins décidé de suspendre la grève.

À la reprise du travail lundi 24 septembre, l'encadrement s'est montré hostile, voire agressif, emboîtant le pas à une direction qui, de toute évidence, voulait reprendre du terrain. Le lendemain, elle est revenue sur l'essentiel de ses engagements, en maintenant sa nouvelle organisation des horaires, inadmissible pour les salariés.

Le groupe Ikea est en pleine expansion, il ouvre deux magasins supplémentaires par an en France. La marque projette d'ouvrir une centaine d'hôtels en Europe à partir de l'année prochaine. Dans son expansion mondiale, il arrive à Ikea de tomber sur un os. La société doit actuellement affronter la colère des travailleurs en Turquie, où un millier de salariés ont manifesté en septembre devant un magasin à Istanbul. Elle doit maintenant compter sur la détermination des travailleurs de Gonesse, qui n'ont pas dit leur dernier mot.