AZF -- Toulouse : Total éclaboussé par le jugement en appel26/09/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/09/une2304.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

AZF -- Toulouse : Total éclaboussé par le jugement en appel

Dans le procès AZF, le délibéré du jugement d'appel a été prononcé le lundi 24 septembre devant une salle comble. Le jugement a suivi les réquisitions du procureur, en condamnant les sous-fifres, c'est-à-dire l'ancien directeur de l'usine (trois ans de prison dont deux avec sursis et 45 000 euros d'amende) et la société Grande Paroisse filiale de Total (225 000 euros d'amende) pour homicide involontaire.

Par contre, le jugement déboute les parties civiles qui avaient lancé une citation directe contre Total et son PDG de l'époque, Thierry Desmarets. Les filiales servent aussi à cela : mettre un écran entre les vrais responsables et ceux qui exécutent leurs ordres.

Rappelons que l'explosion du 21 septembre 2001 avait fait 31 morts, des milliers de blessés, des dizaines de milliers de sinistrés. Rappelons également que le procès en première instance avait conclu à la relaxe générale « au bénéfice du doute »... le coupable ayant effacé les preuves !

Même si Total n'est pas directement mis en cause, la justice reconnaît malgré tout les fautes de l'industriel, au travers de sa filiale. Total est donc éclaboussé par ce verdict. La justice, au bout de onze ans, a donné raison à ceux qui depuis le début avaient pointé les négligences criminelles des dirigeants d'AZF, que ce soit pour le non-respect de la gestion des stocks déclassés, le non-respect de l'information et de la formation des personnels sous-traitants ouqa le non-respect de l'interdiction de croiser des produits incompatibles.

Pour les habitants des quartiers populaires présents dans la salle comme pour les salariés qui voyaient dans Total le responsable et le coupable, c'est une victoire morale après des années de mensonges éhontés, de pressions sur les témoins. Pendant des années les responsables de Total se sont acharnés à se soustraire à leurs responsabilités, avec leurs armées d'experts et d'avocats. Pour eux, il s'agissait d'une question de principe : ils se considèrent intouchables et entendent bien le demeurer. Le jugement d'appel les éclabousse et cela a été ressenti comme un soulagement par bien des victimes, salariés ou sinistrés. Quant à ceux, militants ou associations de victimes, qui pendant des années ont opiniâtrement combattu pour que les vrais responsables soient traduits en justice, c'est aussi une victoire morale pour eux, à laquelle ils étaient fiers d'avoir contribué.

Comme le concluait la déclaration du porte-parole de l'Association des sinistrés du 21 septembre : « Il faudra bien autre chose que des procès spectacle pour empêcher que des industriels, au nom de la rentabilité et du profit, risquent tous les jours la vie des ouvriers et de la population. Bien autre chose, mais pour commencer : ne pas renoncer à les dénoncer ! »

Partager