Le groupe PSA est en train de finaliser la vente de 75 % de sa filiale logistique Gefco à la société de chemins de fer russe RZD, avec à la clé un joli pactole pour les actionnaires.

Au-delà des stupides commentaires patriotiques que l'on trouve dans la presse sur le thème « PSA vend les bijoux de famille à l'étranger », cette vente est surtout une excellente affaire pour Peugeot. Sa filiale Gefco (Groupages express de Franche-Comté), chargée notamment de transporter les voitures des usines de montage vers les concessionnaires, est devenue une entreprise très prospère, avec plus de 10 000 salariés, 3,8 milliards de chiffre d'affaires et un bénéfice de 223 millions d'euros en 2011. Prospère, mais certainement pas « plus rentable que la construction automobile », comme l'a écrit à l'occasion le journal Les Échos. Comme si ces deux activités étaient séparables, comme si, pour gagner de l'argent en transportant des voitures, il ne fallait pas commencer par les fabriquer !

En réalité, l'une des causes de la « rentabilité » de Gefco est que l'entreprise facturait à prix d'or ses prestations à la maison-mère, ce qui permettait de déplacer une partie des bénéfices de PSA vers Gefco. Qu'importe, puisqu'au bout du compte ces bénéfices allaient dans les mêmes poches, celles de la famille Peugeot ! Ce petit tour de passe-passe fait partie des astuces qui permettent à PSA de minorer son bénéfice, voire, comme c'est le cas en ce moment, d'annoncer un déficit qui permette à ses yeux de justifier les licenciements.

Mais ce qui est bon pour la famille Peugeot ne l'est pas pour RZD et, avant de vendre sa filiale, Gefco a pris soin de diviser par deux sa marge bénéficiaire, la faisant passer de 5,9 % à 2,5 %. Pas question que RZD empoche les profits produits dans les usines Peugeot et encaissés par Gefco !

La vente de 75 % de Gefco rapportera au groupe PSA 800 millions d'argent frais. Et surtout, comble du cynisme au moment où le groupe annonce froidement le licenciement de 8 000 travailleurs, en guise de petit cadeau de départ, Gefco va verser à ses actionnaires -- encore et toujours la famille Peugeot -- un dividende exceptionnel de 100 millions d'euros !

Aux travailleurs menacés de licenciement, le patron propose d'octroyer royalement une dizaine de milliers d'euros. Mais les actionnaires, eux, n'ont même pas besoin de réclamer pour toucher le jackpot en compensation de la cession de Gefco.