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Tunisie : Les travailleurs revendiquent
Le 5 janvier, un Tunisien d'une quarantaine d'années a tenté de s'immoler par le feu dans la ville de Gafsa. Ce chômeur essayait d'attirer l'attention de trois ministres en visite ce jour-là dans cette région de l'intérieur de la Tunisie, une de celles où le taux de chômage est le plus élevé avec la région voisine de Sidi-Bouzid où l'an dernier un jeune vendeur de fruits et légumes s'était déjà immolé, provoquant par son geste la vague de contestation qui embrasa toute la Tunisie.
Cela faisait plusieurs jours que cet homme et tout un groupe de chômeurs avec lui organisaient un sit-in devant le bâtiment du gouvernorat pour réclamer des créations d'emplois. Les trois ministres de passage n'avaient pas daigné recevoir ces chômeurs. Les successeurs de Ben Ali à la tête de l'État, quels qu'ils soient, ne semblent pas pressés, c'est le moins que l'on puisse dire, d'améliorer les conditions de vie des travailleurs et des chômeurs.
Dans le pays, d'autres travailleurs organisent des sit-in ou des grèves, et cela dans plusieurs régions. À Gabès par exemple, les travailleurs du Groupe chimique tunisien ont bloqué leur entreprise pendant plus d'un mois pour obtenir plus de transparence sur les conditions d'embauche. À Gafsa, les ouvriers de la câblerie Yazaki ont organisé des sit-in pour exiger la titularisation de ceux qui ont travaillé plus de deux ans dans l'entreprise, comme l'exige la loi. À Béja, dans le nord du pays, la menace d'une grève des ouvriers de Kromberg & Schubert, une autre câblerie, a suffi à faire réintégrer vingt-cinq ouvriers licenciés.
Une fraction de la classe ouvrière tunisienne continue de faire entendre ses exigences. Pour elle, un changement de statut du pays ne suffit pas. Et on la comprend.