Clermont-Ferrand : Bavure criminelle de la police13/01/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/01/une2267.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Clermont-Ferrand : Bavure criminelle de la police

Arrêté avec une brutalité inouïe par des policiers la nuit de la Saint-Sylvestre à Clermont-Ferrand, Wissam El Yamni, un salarié d'origine immigrée, a sombré dans le coma. Hospitalisé à retardement, il n'a pu être sauvé. Ce n'est que mercredi 4 janvier au matin que l'on a appris le drame survenu le 1er janvier, à 2 h 30 du matin.

Le quartier de la Gauthière, situé au nord de Clermont-Ferrand, fait partie des zones dites sensibles : ce sont des tours et des barres de HLM, avec des familles immigrés de toutes nationalités, et beaucoup de jeunes qui ne trouvent pas de travail. Selon la version officielle, la police aurait été appelée pour un homme blessé qu'elle n'a pas trouvé, mais seulement des jeunes assis sur un banc et l'un d'eux -- qui allait être la victime -- aurait lancé des projectiles sur une voiture des policiers.

Ceux-ci se sont alors déchaînés, dont au moins deux d'entre eux avec un chien. Plaqué au sol, roué de coups, menotté, Wissam a été jeté en cellule d'isolement au commissariat, alors qu'il était évanoui. Mais pour les policiers, « c'est du cinéma : il fait semblant ». Pourtant Wissam sombrait dans le coma, avant d'être enfin transféré à l'hôpital. Trop tard ; il décédait cinq jours après. En attendant les résultats de l'autopsie, le premier rapport médical est éloquent : fracture à l'oeil, côtes cassées, lésion au niveau du cou. Même le procureur admet qu'il y a eu « une interpellation musclée ».

La famille a porté plainte. Avec son avocat, elle veut savoir la vérité sur ce qui s'est passé, doutant fort de la version policière qui prétend que la victime était alcoolique et droguée. Ce que démentent formellement les amis et les collègues de travail de la victime.

Les jeunes se sont fortement mobilisés pour exprimer leur soutien à la famille et exiger que les policiers incriminés soient jugés et sanctionnés. Samedi 7, ils ont manifesté à plus de 600 jusque devant le commissariat central, précédés d'une banderole : « Personne n'est au-dessus des lois. Stop aux bavures ».

Tout le quartier a été littéralement occupé par les forces de l'ordre, en particulier après l'annonce du décès de Wissam, l'après-midi du 9 janvier. Plus de 400 gendarmes, CRS, policiers et même deux hélicoptères, surveillent tous les carrefours et les entrées des immeubles. Une vingtaine de jeunes ont été arrêtés, et certains condamnés sur le champ à de la prison ferme, suite à 80 voitures incendiées ! Mais pour la population, rien ne va plus. Privés de bus et de tramways, les habitants doivent se débrouiller pour leurs déplacements.

L'enquête de la police des polices est en cours. Deux des policiers visés particulièrement, car il y a eu des témoins de cette scène dramatique, ont fini par être mis en congés, mais ils ne sont pas suspendus. Guéant, le ministre de l'Intérieur, n'a rien trouvé de mieux que de soutenir sans réserve les policiers, affirmant que ces derniers ne sont pas responsables, donc que tout est de la faute de la victime !

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