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Dans le monde
Église italienne : Vers un Golgotha fiscal ?
À un moment où il n'est question que d'austérité pour la population, une polémique s'est élevée en Italie sur les exonérations fiscales dont bénéficie l'Église catholique. Sans parler de la cité du Vatican, qui est considérée comme un État autonome ne devant rien à l'État italien, la majeure partie des biens immobiliers relevant des diocèses et des congrégations échappent à l'impôt. Il serait aujourd'hui question de remettre en cause cette situation.
Le patrimoine foncier de l'Église, joint à celui du Vatican, représenterait autour de 20 % de l'immobilier italien. Il est grossi constamment par des donations. Rien qu'à Rome, 10 000 testaments sont faits chaque année en faveur de l'Église. La congrégation pour la propagation de la foi serait à la tête de neuf milliards de biens.
Au départ, ce sont les lieux de culte qui ont été exonérés d'impôt, ainsi que ceux des oeuvres d'assistance publique gérées par l'Église. Mais un certain nombre de bâtiments à usage lucratif, tels que des cliniques, des écoles ou des installations sportives ou touristiques, sont dotés d'une chapelle, et à ce titre l'ensemble a été exonéré. Et dans certains cas il a suffi que les bâtiments appartiennent à l'Église pour échapper à l'impôt foncier. Le journal La Repubblica cite comme étant dans ce cas un restaurant de cuisine française du centre de Rome et un hôtel quatre étoiles.
Par ailleurs, l'Église catholique italienne émarge directement au budget de l'État. De l'impôt sur le revenu, elle touche un milliard d'euros, la plus grosse part du pourcentage de 0,8 % consacré aux divers cultes et réparti en fonction du choix de chaque contribuable.
Les évêques se défendent comme de beaux diables : l'Église n'est pas si riche que ça, et elle consacre ses quelques biens aux oeuvres de charité et d'éducation, expliquent-ils. Cela ne convainc que les convaincus d'avance. D'ailleurs, signe peut-être des temps, aussi bien le Vatican qu'un certain nombre d'hommes politiques catholiques bon teint admettent qu'il faut étudier ce problème de l'imposition du patrimoine foncier de l'Église.
De là à ce qu'elle passe à la caisse, c'est autre chose. Car l'Église a conservé en Italie une grande partie de son influence, en particulier sur les dirigeants politiques. Et il y a longtemps que la bourgeoisie a oublié les fâcheries de la période de l'unification du pays et considère la religion comme un de ses appuis les plus sûrs.