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- Lutte ouvrière n°2267
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Leur société
SeaFrance : Il faut maintenir l'emploi et les salaires !
Après la décision du tribunal de commerce de Paris de prononcer la liquidation de SeaFrance, les prétendus guérisseurs et des croque-morts se pressent au chevet des salariés de l'entreprise...
Il y a d'abord Sarkozy assurant « qu'il y aura une solution crédible pour tous les salariés de SeaFrance ». Dommage qu'il n'ait pas eu autant de sollicitude envers les 1 600 salariés, marins et employés de SeaFrance quand le nouveau PDG, Pierre Fa, nommé en 2008, n'a eu de cesse de mettre en cause les salaires, les primes et les emplois pour réduire les coûts sur le dos du personnel... et sans doute préparer la cession de cette entreprise au privé, alors qu'elle est 100 % filiale de la SNCF.
Il y a bien sûr la SNCF qui « va mettre à disposition, dès mercredi, par l'intermédiaire d'un site internet, 500 propositions d'emplois intégrées à la SNCF »... Mais il y a 880 salariés en CDI à Calais plus 130 en Grande-Bretagne, plus 1 200 emplois induits, les propositions de la SNCF ne font déjà pas le compte ! Et que valent les promesses de reclassement de la SNCF, alors que dans ces dernières années, « sur 750 licenciés, il y a eu 11 reclassés et, en plus, ils ont dû passer un concours ».
Il y a bien sûr les habituels vautours comme LDA (Louis Dreyfus Armateurs) qui propose d'assurer les liaisons transmanche à la place de SeaFrance, avec ses propres bateaux, en disant reprendre 300 marins... Mais ces bateaux ont déjà leur personnel ! Il y a aussi l'armateur danois DFDS qui attend son heure, peut-être en consortium avec LDA qui promettait la reprise de 460 salariés et des trois navires de SeaFrance pour l'euro symbolique ! La proposition avait quand même été repoussée par le tribunal de commerce.
Même Eurotunnel propose de soutenir la SCOP mise en avant par la CFDT SeaFrance en rachetant les navires et en les lui louant... Mais ce ne serait que pour contrer l'arrivée des concurrents plus agressifs. Et il semblerait que Brittany Ferries aurait été aussi sur les rangs pour reprendre SeaFrance...
Quant à la SCOP proposée par les dirigeants de la CFDT SeaFrance, les salariés ne peuvent guère en espérer une solution. Dans la concurrence féroce que se mènent les entreprises capitalistes pour s'emparer du marché du transport transmanche, une coopérative ouvrière ne ferait pas long feu, même en s'imposant des sacrifices sur les salaires et les conditions de travail.
Alors, entre les rapaces dans l'attente d'une bonne affaire et un gouvernement qui veut faire croire qu'il se préoccupe du sort des futurs licenciés, les travailleurs n'ont d'autre choix que de mener la lutte, d'abord pour imposer que leur soient réellement versées les « indemnités supralégales » évoquées par la direction de la SNCF, d'un montant global de 36 millions d'euros, soit moins de 36 000 euros en moyenne pour les 1 010 salariés concernés qui viendraient s'ajouter aux autres indemnités. Et c'est aussi par leur lutte, comme ils ont su le faire dans la période précédente pour obtenir de meilleurs salaires, puis pour le maintien des effectifs, que les marins et employés licenciés pourront imposer leur reclassement à la SNCF ou dans d'autres entreprises.
Mais surtout, dans ces années de crise où les menaces de licenciements massifs et de fermetures d'entreprises ne peuvent que se multiplier, il serait vital pour les travailleurs d'empêcher ensemble les licenciements et d'imposer le partage du travail entre tous les bras, en prenant sur les profits accumulés par les capitalistes.