Prothèses mammaires : Liberté d'entreprendre n'importe quoi13/01/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/01/une2267.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prothèses mammaires : Liberté d'entreprendre n'importe quoi

Les faits sont de plus en plus clairement établis sur la « qualité » plus que douteuse des prothèses mammaires de la firme PIP. Non seulement leur enveloppe est fragile mais le gel qu'elles renferment ne répond pas aux normes sanitaires.

Or dans le monde, près de 500 000 femmes seraient porteuses de ces implants. En France, sur les 30 000 femmes concernées, plus de mille cas de rupture de ces prothèses se sont déjà produits. Le gel de silicone frelaté se répand alors dans leur corps au risque de développer des cancers.

L'ancien propriétaire et directeur de PIP vient de reconnaître tranquillement tout cela. Il affirme : « Je savais que ce gel n'était pas homologué, mais je l'ai sciemment fait car le gel PIP était moins cher ». Sans remord ni scrupule, il a même ajouté que les femmes qui menacent de l'attaquer en justice sont « des personnes fragiles ou qui font ça pour le fric ».

Ce patron est sans doute un sinistre margoulin, directement et consciemment responsable de souffrances et d'angoisses pour des centaines de milliers de femmes dans le monde. Mais il est également révélateur qu'il ait pu développer son activité durant près de vingt ans sans aucun contrôle sérieux.

Dès l'année 2000 pourtant, l'administration américaine avait mené une inspection dans l'usine PIP du Var, en France, et conclu à la non-conformité des pratiques de production. La commercialisation aux USA avait alors été suspendue. Par ailleurs, une société privée allemande avait réalisé, elle aussi, des inspections mais en prévenant à l'avance de sa venue et en se contentant des documents fournis par la société. Aujourd'hui l'ex-patron de PIP déclare qu'il avait dès 1993 donné l'ordre à ses employés de dissimuler la vérité à ces inspecteurs peu clairvoyants. Ce serait la dénonciation anonyme d'un salarié qui aurait entraîné une visite des autorités françaises, des analyses du gel utilisé dans les prothèses et le retrait bien tardif du marché de celles-ci en mars 2010.

Dans cette société fondée sur la « libre entreprise », les contrôles menés ou commandités par les États sont bien souvent dérisoires. Si des patrons sont prêts à toutes les magouilles pour augmenter leurs profits, ils ne rencontrent que bien peu de contraintes. Les travailleurs, eux, n'ont aucun intérêt à ces malversations sauf qu'ils risquent leur emploi ou même des ennuis judiciaires s'ils révèlent les faits. Alors ce scandale montre combien, dans toutes les industries liées à la santé, il serait nécessaire d'imposer au patronat un véritable contrôle. Les travailleurs sont les mieux placés pour l'exercer.

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