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- Lutte ouvrière n°2267
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Editorial
Les licenciements en chaîne et les moyens de les empêcher
Pendant que les candidats des grands partis à l'élection présidentielle, Sarkozy en tête, jurent que l'emploi est leur principale préoccupation, se poursuit la triste litanie des entreprises qui ferment ou qui se préparent à mettre à la porte une partie de leurs effectifs.
Les travailleurs de SeaFrance viennent d'apprendre la décision du tribunal de commerce : liquidation définitive de la compagnie. La raffinerie Petroplus se prépare, de son côté, à fermer. Elle se présente aujourd'hui comme indépendante mais pendant longtemps elle a fait partie de la constellation du trust pétrolier Shell, un des plus riches du monde, qui l'avait revendue.
Et combien d'autres entreprises ont des plans de licenciements déjà annoncés puis démentis mais, en réalité, en marche comme Peugeot-Citroën ? Et combien d'entreprises moyennes coupent dans leurs effectifs et poussent des centaines, des milliers de travailleurs vers les Pôles emploi où ils n'ont aucune chance de retrouver du travail ?
Plusieurs grandes banques, si clairement responsables dans la crise, se préparent à faire payer à leurs employés toutes les opérations hasardeuses, toutes les spéculations, dont elles ont été les maîtres d'oeuvre.
Avec les lots de licenciements fleurissent les lots de fausses solutions. SeaFrance en est un exemple, où le gouvernement se paie le culot de s'emparer d'une proposition de la section locale de la CFDT pour transformer l'entreprise en coopérative ouvrière. À condition que ses travailleurs acceptent d'être d'abord licenciés puis de consacrer leurs indemnités de licenciement à fournir à la coopérative le capital qui lui manque !
Ceux qui, du côté du gouvernement, ont concocté cette brillante idée, savent parfaitement que, même si les travailleurs dont on a volé l'emploi acceptaient de se faire arnaquer une deuxième fois, cela ne suffirait pas pour faire fonctionner la coopérative. Mais ils s'en fichent ! Leur problème en cette période électorale est que Sarkozy et les siens apparaissent comme porteurs de solutions alors qu'ils ne font rien.
D'où les discussions savantes y compris dans la gauche réformiste sur les coopératives comme solutions éventuelles face à la crise. Comme si dans un bateau en train de sombrer, on pouvait sauver la seule salle de repos des soutiers ! Mais la solution pour le monde du travail n'est certainement pas de tenter de faire fonctionner quelques mois de plus les entreprises poussées au naufrage par le fonctionnement capitaliste de l'économie. Le problème, c'est d'empêcher le naufrage des salariés qui font marcher l'économie.
Voilà pourquoi les menaces de licenciements ou de suppressions d'emplois ne sont pas seulement l'affaire des travailleurs concernés. Il faut évidemment que ces travailleurs aient la solidarité de tous car tous les travailleurs sont des licenciés en puissance. Mais il faut surtout que les travailleurs d'une entreprise menacée ne se retrouvent pas isolés, le dos au mur, à essayer de se défendre comme ils peuvent, avec les moyens qu'ils ont.
Il faut que le combat contre le chômage, qui commence par la lutte contre les licenciements et les suppressions d'emplois, soit un des premiers objectifs d'une lutte de l'ensemble du monde du travail.
Le seul objectif qui offre une issue et autour duquel tous les salariés ont intérêt à se retrouver est l'interdiction des licenciements, quitte à répartir le travail entre tous sans diminuer les salaires. Les fonds pour financer tout cela existent, à condition de puiser dans les sommes extravagantes que les États ont livrées au monde de la finance sous prétexte de sauver les banques et qui ne servent qu'à financer la spéculation. L'écrasante majorité de la société, et pas seulement les travailleurs, aurait intérêt à ce que ces sommes soient consacrées au maintien et même au développement de l'emploi.
Il faudra aussi imposer que l'État arrête de supprimer des emplois dans les services publics indispensables à la population. Il n'y a pas trop de personnel hospitalier, pas trop de cheminots, pas trop de postiers, pas trop d'enseignants ! Il faudrait également contraindre l'État à créer des services publics dans les secteurs où le capitalisme privé est totalement défaillant, à commencer par la construction de logements corrects accessibles aux travailleurs.
Il ne faut pas espérer cette politique d'un gouvernement, quelle que soit son étiquette. Il faudra l'imposer par la lutte collective du monde du travail.
Si nous ne voulons pas être transformés en chômeurs puis poussés vers la misère, nous n'avons pas d'autre choix !
Éditorial des bulletins d'entreprise du 9 janvier