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États-unis : La crise immobilière multiplie les sans-abri
La crise des « subprimes » continue de faire de nombreuses victimes aux États-Unis parmi tous ceux qui avaient espéré pouvoir devenir propriétaires d'une maison grâce à un système de crédit présenté fallacieusement comme très avantageux. Chaque jour, entre juillet et septembre dernier, 2 700 Américains ont ainsi perdu leur logement, saisi parce qu'ils ne pouvaient plus payer les mensualités d'un crédit dont le taux s'était envolé. Il y a un an, ce chiffre était de 1 200.
Plusieurs reportages télévisés ont montré les réactions des propriétaires expulsés, souvent en colère. Ils savent que les établissements financiers, en proie à la crise qu'ils ont eux-mêmes déclenchée, bénéficient de l'aide de l'État tandis que des petites gens dont le seul bien est leur maison ne reçoivent aucun soutien. Il y a eu tout au plus de vagues déclarations de Bush, mais aucune mesure sérieuse n'a été prise, ne serait-ce que suspendre les expulsions.
La crise des subprimes a frappé particulièrement cinq États américains : la Californie, la Floride, l'Ohio, la Géorgie et le Michigan. En deux ans, dans la ville de Detroit, plus de 70 000 maisons ont été vidées de leurs habitants. En 2006, c'était la ville où le plus grand nombre de logements avaient été vendus selon le système des subprimes, des crédits à taux variable, vantés pour leurs faibles mensualités, mais se révélant en pratique exorbitantes et impossibles à payer pour les acquéreurs.
Les courtiers ont tout fait pour imposer ces crédits à taux variable. Certains ont même prétendu qu'ils étaient à... taux fixe ! Les plus entreprenants ont convaincu des acquéreurs ayant un crédit à taux fixe de l'échanger contre un à taux variable. Pour ces établissements, il s'agissait de placer le plus grand nombre de ces crédits pourris, qui faisaient par ailleurs l'objet d'une spéculation financière qui s'est révélée désastreuse, mais certainement pas d'aider des gens sans gros moyens à devenir propriétaires de leur maison. Résultat : les acquéreurs ont subi l'envol du montant des mensualités, parfois du simple au double, rendant impossible de les acquitter, jusqu'à la conclusion : la perte du logement. L'écart grandissant entre les sommes qu'il fallait débourser et la valeur réelle de la maison qui, avec la crise, allait en diminuant, invitait à renoncer.
Des quartiers entiers ont donc vu les habitants chassés de leurs maisons, qui sont retournées dans l'escarcelle des établissements financiers. Elles ont fait alors l'objet de ventes aux enchères qui se passaient dans la rue, devant des spéculateurs ou de simples particuliers flairant la bonne affaire. Mais on n'en est même plus là. On a pu voir des commissaires-priseurs venus pour une de ces ventes se retrouver seuls sans aucun acheteur devant eux.
Car la crise immobilière a fait dégringoler les prix. Certains logements dont les propriétaires ont été expulsés ne trouvent plus preneur, même pour un dollar symbolique. Ils sont souvent dans un piteux état, soit parce que les ex-propriétaires dans leur colère les ont dévastés avant de partir, soit parce que des pillards sont venus y récupérer les différents équipements, jusqu'aux briques des murs.
Et voilà comment les anciens acquéreurs expulsés ne peuvent plus compter que sur la bonne volonté d'un voisin compatissant ou sur une place dans un asile de nuit pour ne pas passer l'hiver dans la rue, tandis que leur ancienne maison reste là, vide et abandonnée...