Le ministre des Affaires étrangères français Kouchner s'est envolé pour le Congo dans l'intention, paraît-il, de résoudre la nouvelle crise qui secoue la région des Grands Lacs ! Il avait donc les larmes de crocodiles à l'oeil et les déclarations hypocrites à la bouche sur le « drame » que vit le Congo. Mais bien que la presse française lui ait déroulé le tapis rouge, cela n'a guère fait illusion. Toutes les gesticulations d'un Kouchner au Congo n'avaient évidemment qu'un seul et unique but : réintroduire la France dans une région d'où elle a été évincée depuis 1994 pour avoir misé sur le mauvais cheval.

Kouchner en effet ne partait pas favori dans cette course diplomatique européenne au Congo. Il avait un sérieux handicap : le soutien passé de la France au régime génocidaire hutu au Rwanda et à la dictature de Mobutu au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo, RDC).

De plus, le gouvernement du Rwanda, qui a rompu toutes relations diplomatiques avec Paris, de même que la rébellion tutsie congolaise ne voyaient pas d'un bon oeil ce vieux cheval de retour. Par ailleurs, depuis 1994, le gouvernement britannique a avancé ses pions dans la région en soutenant les régimes rwandais et congolais. Voilà sans doute pourquoi Kouchner a été marqué à la culotte par son homologue britannique ! Quant à sa proposition d'envoyer une force d'interposition, elle a fait long feu.

Dans la région des Grands Lacs, tout le monde se souvient encore de l'opération Turquoise, organisée par la France en 1994. Sous couvert d'intervention humanitaire, elle avait eu pour seul but de sauver les débris du régime hutu rwandais, alors en fuite après le génocide des Tutsis, lui-même commis avec la complicité du gouvernement français.