République Démocratique du Congo (RDC) : Terreur des bandes armées et pillage des richesses05/11/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/11/une2101.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

République Démocratique du Congo (RDC) : Terreur des bandes armées et pillage des richesses

Cela fait plusieurs semaines que le conflit a repris dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), entre la rébellion congolaise du général déchu Laurent Nkunda, un Tutsi congolais, et les forces gouvernementales. L'avance des troupes rebelles en direction de Goma, la capitale du Nord-Kivu, a provoqué l'exode de plusieurs dizaines de milliers de civils, entraînant la déroute de l'armée congolaise présente sur place. Dans sa fuite, celle-ci a multiplié les pillages et les exactions.

Ces derniers jours, les émissaires belges, français et britanniques se sont succédé dans la région des Grands Lacs, à Kinshasa, capitale du Congo, à Goma, au Nord-Kivu, à Kigali, capitale du Rwanda, afin de relancer le énième plan de paix dans la région. Mais, sous couvert « d'aide humanitaire » et de « plan de paix », ils se sont surtout empressés de relayer les intérêts de leurs puissances respectives. Derrière la recrudescence des violences dans l'est du Congo, notamment dans les régions du Nord et Sud-Kivu, ou en Ituri, il y a le pillage pur et simple des richesses de la région au profit de celles-ci.

La guerre dans l'est de la République démocratique du Congo dure depuis plus de dix ans. Les plans de paix entre gouvernement et forces rebelles ne se comptent plus. Le « calme » revient juste le temps d'un accord, accord qui est presque alors aussitôt dénoncé par l'un des belligérants en présence. Il faut dire que la RDC est un pays de plus de deux millions de kilomètres carrés et que le gouvernement, installé à Kinshasa, est incapable de contrôler toutes les régions. L'armée gouvernementale, corrompue, est plus réputée pour sa capacité à racketter, à commettre viols et autres actes de torture, qu'à protéger la population contre les violences des forces rebelles.

La Mission des Nations unies au Congo (Monuc), qui compte 17 000 soldats présents dans le pays, elle, présente une neutralité à géométrie variable. Retranchés dans leurs campements depuis des mois, les casques bleus ont laissé la population congolaise se débrouiller, prise au piège entre la violence des bandes armées gouvernementales et celle des bandes rebelles de Nkunda. Elle n'est intervenue, les 28 et 29 octobre... que pour empêcher l'entrée des rebelles dans Goma ! Cela n'a pas empêché la déroute de l'armée gouvernementale. Un cessez-le-feu est depuis entré en vigueur.

Dans cette nouvelle guerre du Nord-Kivu, Laurent Nkunda, chef rebelle, accusé de crimes de guerre, à la tête du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), s'autoproclame le défenseur des Tutsis congolais. Il prône le séparatisme, lance un « Rassemblement pour l'indépendance du Kivu » et demande le démantèlement des anciennes bandes armées génocidaires hutus, qui, aux dires de la rébellion, combattent au côté des forces gouvernementales congolaises et des casques bleus. La rébellion est en revanche accusée par le gouvernement congolais d'être le bras armé du Rwanda au Nord-Kivu, dénonçant ainsi la volonté expansionniste de ce pays dans la région.

En fait, il est difficile de savoir qui combat avec qui et dans quel but. Les bandes armées qui s'affrontent n'ont pas d'autre objectif que de se vendre au plus offrant, afin de permettre le pillage des richesses et d'en prendre leur part. Si certaines de ces bandes armées ne sont que les excroissances des armées régulières des États voisins, d'autres mouvements rebelles sont impulsés de toutes pièces et armés de pied en cap par les compagnies minières.

Bien souvent les compagnies locales ne sont que les paravents derrière lesquels se trouvent d'autres compagnies bien plus puissantes, occidentales celles-là, comme la Barrick Gold Corporation (deuxième producteur mondial d'or), l'Anglo-american Corporation (une société sud-africaine), l'American Mineral Fields ou encore l'American Diamond Buyers. Des compagnies américaines, canadiennes, belges, israéliennes, ougandaises, rwandaises, congolaises et françaises participent ainsi à l'exploitation des richesses du Congo, des bois exotiques de la forêt équatoriale à l'or et aux diamants, en passant par bien d'autres minerais encore, sans oublier le coltan, un minerai utilisé par les industries électronique, informatique et aéronautique. Quant aux navires du groupe français Bolloré, ils assureraient l'acheminement du coltan vers l'Europe.

Depuis plus d'une décennie, c'est donc la curée dans l'est du Congo. Une véritable « économie de guerre » s'est installée dans la région. Cette instabilité favorise le pillage. On estime entre 3 et 4 millions le nombre de morts causées par les conflits à répétition dans la région. En 2007, l'agence de l'ONU pour les réfugiés faisait état de 650 000 déplacés en raison de l'insécurité dans l'est du Congo, et cela dans la seule province du Nord-Kivu. Forces armées gouvernementales et rebelles serrent la population dans un étau meurtrier.

Tout cela se déroule dans la complicité des grandes puissances occidentales, et souvent au profit de leurs compagnies.

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