Le programme social de Villepin : Des mots, du vent... et des menaces possibles15/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1950.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le programme social de Villepin : Des mots, du vent... et des menaces possibles

Lundi 12 décembre, Villepin a reçu en grande pompe les syndicats et le patronat pour leur communiquer les détails de ses propositions sur l'emploi et les salaires. À défaut de contenu, il y a eu les formules. Pour l'emploi a été inventé un nouveau «contrat de transition professionnelle». Quant au salaire, voilà qu'a été concocté le concept de distribution «des dividendes du travail».

Nouveau contrat ou restriction à venir des droits des chômeurs?

Le «contrat de transition vers l'emploi» serait l'expérimentation d'un nouveau contrat pour les salariés licenciés économiques dans les entreprises de moins de trois cents salariés. En fait il s'agit, au mieux, de ressortir ce qui existe déjà pour les salariés licenciés économiques des entreprises de plus de 300 salariés.

La prétendue nouveauté serait que ce contrat serait de huit à douze mois, avec un quasi-maintien du salaire. Mais en contrepartie, le salarié serait obligé d'accepter tous les détachements qu'on lui proposerait dans les entreprises, sans pouvoir objecter que cela ne correspond ni à sa qualification, ni à son salaire, puisqu'il continuerait à percevoir celui-ci. Et au bout de ces huit à douze mois que se passera-t-il si, comme dans quatre-vingt-dix pour cent des cas actuels, il se retrouve sans reclassement véritable? Silence, côté gouvernemental.

Ce qui est certain, c'est que les discours de Villepin, Borloo, et même de Sarkorzy, qui a tenu à faire savoir ce même jour, pour une fois, son accord complet, visent à préparer les esprits à une remise en cause des droits actuels des chômeurs. Pour tous, le mal à combattre serait que les chômeurs s'habituent à «l'inactivité». Pour Sarkozy il s'agit d'un plan permettant de «libérer les embauches», c'est-à-dire surtout comme ils le disent tous, de rendre normal et habituel le licenciement économique. Le projet à terme serait, «comme dans les pays nordiques», disent-ils, de réduire la durée d'indemnisation du chômage sous prétexte d'une meilleure prise en charge. Pour ce faire, les uns et les autres déclarent même vouloir reprendre à leur compte les propositions de la CGT sur la «sécurité sociale professionnelle», qui a un tout autre objectif. Pour embrouiller les pistes, le gouvernement a d'ailleurs impliqué un ancien responsable de la fédération des textiles CGT, Christian Larose, qui siège au Conseil économique et social, et qui s'est compromis dans ce projet au travers de la «mission d'étude», mise sur pied par Borloo.

Pour l'instant, les syndicats unanimes ont rejeté cette proposition. Le Medef également, mais pour le motif que sa présidente veut qu'on la laisse se débrouiller seule avec les syndicats au moment des discussions, porteuses de bien des dangers, sur la future convention Unedic, qui établira à quelle sauce seront mangés les chômeurs l'année prochaine.

Recevoir «les dividendes du travail», ou comment ne pas augmenter les salaires

Le deuxième sujet d'importance était celui du pouvoir d'achat. Sans surprise, pour Villepin et son gouvernement, il n'est pas question d'imposer ou même de proposer une quelconque augmentation générale des salaires, qui sont pourtant à la traîne depuis des années. Villepin a sorti de son chapeau un nouveau concept: la rétribution des «dividendes du travail». En réalité, il n'y a rien de nouveau, il s'agit simplement d'inciter les patrons à distribuer des actions à leurs salariés, et lesdits salariés recevraient donc, selon son inventeur, la rétribution des dividendes de ces actions, tout d'un coup appelés «les dividendes du travail».

Pour les hauts cadres le système existe, ce sont les «stock-options», sauf que ces quelques privilégiés reçoivent, eux, des centaines de milliers d'euros. Les salariés devront, si cela se fait, se contenter de récolter quelques euros, si ces bouts de papier valent encore quelque chose après leur impression. Ne reculant devant aucun ridicule, Villepin a tenu à préciser que si lesdites actions n'étaient pas cotées en Bourse, les salariés pourraient toujours se les revendre entre eux!

C'étaient peut-être de l'humour. Sauf que, ni sur les licenciements, le chômage, la précarité grandissante, pas plus que sur les salaires en baisse, les travailleurs n'ont vraiment le goût à sourire. Il faudra vraiment qu'ils administrent un traitement de choc à tout ce beau monde, pour le ramener à la réalité et à l'urgence des attentes vitales de tous.

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