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Leur société
Chirac répond sur les banlieues : Paroles, paroles...
Dans le journal Le Parisien du 13 décembre, Chirac a répondu aux questions de cinquante habitants de la banlieue parisienne, portant presque toutes sur les événements qu'ils ont vécus de près. Dans ce florilège, quelques perles méritent d'être citées.
Sur le chômage des jeunes, Chirac demande que les «mentalités des entreprises changent.» Comme remède au chômage et aux discriminations, le nouveau psychothérapeute du Medef propose le CV anonyme, le métissage culturel à la télévision, l'accès aux emplois de sécurité (police et gendarmerie) pour les jeunes des banlieues, ou encore la création d'une entreprise en faisant appel à des... microcrédits.
À l'entendre, son gouvernement a conscience de tous les problèmes, fait tout pour les régler et y met tous les moyens. Mais s'il annonce, pour 2003-2007, l'embauche de 10000 personnes pour la justice et de 13500 pour la police -avec respectivement une enveloppe de 3,7 et 5,6 milliards- pour les ZEP il faudra se contenter de 1500 infirmières en cinq ans, dont 300 à la rentrée 2006...
Au-delà des rodomontades et des promesses sans lendemain, Chirac profite de son interview pour «moucher» Sarkozy, ministre et surtout adversaire déclaré pour 2007. Quand celui-ci parle de «racaille», Chirac lui répond qu'«en politique le choix des mots est essentiel» et qu'il vaut mieux choisir, par exemple, les mots de «délinquant» ou de «criminel». Quand Sarkozy se dit favorable au droit de vote des immigrés aux élections locales, Chirac le refuse: pour voter il faut être français. Enfin, il dit «oui» à un jour du souvenir pour les descendants des esclaves, au moment où les déclarations de Sarkozy l'ont obligé à annuler son voyage aux Antilles.
Mais, au-delà de ce petit jeu de la réplique à Sarkozy, Chirac se retrouve bien d'accord avec lui contre les travailleurs en lutte. Et de participer à la campagne de dénigrement de la grève des lignes B et D du RER parisien, selon lui «disproportionnée, pour ne pas dire incompréhensible pour les 700000 usagers concernés». «J'en appelle à la raison et à la responsabilité», ajoute Chirac. Là encore, c'est sûrement une question de mentalité, mais bien sûr pas de conditions de travail ou de salaires, des problèmes «incompréhensibles» apparemment pour le président de la République?
En cinquante réponses, Chirac donne un bel exemple de ce qu'un politicien peut aligner de paroles creuses et de déclarations mensongères.