Lycée Arthur-Rimbaud (La Courneuve) : L’État fait travailler au noir15/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1950.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lycée Arthur-Rimbaud (La Courneuve) : L’État fait travailler au noir

Faire travailler plusieurs mois une personne sans salaire ni contrat de travail, non, cela n'a pas cours dans un atelier clandestin mais à l'Éducation nationale! Le mépris envers le personnel affiché par ce ministère a déclenché la colère des enseignants du Lycée professionnel Arthur-Rimbaud, à La Courneuve, qui se sont mis en grève le jeudi 8 décembre.

Le lycée est situé en Zone d'éducation prioritaire (ZEP). Pendant la crise des banlieues, le ministre s'était déplacé pour distribuer les bonnes paroles. Mais la sollicitude affichée n'est pas allée au-delà: aucun moyen supplémentaire n'a été accordé, que ce soit en argent ou en personnel -pas plus qu'aux autres établissements classés ZEP. Et surtout, les vacataires continuent à jouer les bouche-trous et à travailler sans garantie.

Ainsi, un collègue qui assure une vacation depuis le 21 septembre n'avait toujours pas touché sa paie à la mi-novembre. Il avait fallu se déplacer, à plusieurs, au rectorat de Créteil pour qu'il obtienne une avance sur salaire, ainsi que le paiement des agios que la banque lui avait imposés. La promesse de le passer contractuel (un statut plus avantageux) lui avait alors été faite. Mais début décembre, il apprenait que son contrat ne débuterait que le 3 janvier, ce qui lui faisait deux semaines de perte de salaire.

Une autre collègue, en poste depuis l'an passé dans l'établissement, continue à travailler depuis le 30 novembre sans aucune assurance de contrat ni de rémunération.

Il s'avérait impossible de joindre le rectorat: tous les personnels étaient occupés par les élections professionnelles et les locaux fermés! Cette désinvolture était de trop: la grève fut votée à la quasi-unanimité, et chacun resta sur place, se répartissant les tâches, dans l'attente d'une réponse. Celle-ci n'a pas tardé: le rectorat a dû se dire que ce n'était peut-être pas le moment de laisser des jeunes hors de leur établissement scolaire... Ceci, joint à la détermination des enseignants soutenus par l'administration et à la multiplication de mouvements sur le même problème, l'a amené à rebrancher son téléphone pour annoncer qu'enfin, un des deux vacataires était embauché en tant que contractuel.

Quelques jours plus tard, l'autre collègue apprenait que son contrat était prolongé de trois mois. C'est encore insuffisant, mais déjà la solidarité a payé.

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