Depuis un peu plus de deux ans, la RATP a mis en place ce qu'elle appelle la «Bus attitude». Il s'agit, dans le cadre d'une réglementation européenne et de l'ouverture à la concurrence, d'obliger les transporteurs à comptabiliser avec précision les voyageurs payants, afin de justifier des subventions reçues.

Pour faire cette comptabilité, les voyageurs sont invités à valider systématiquement leur titre de transport à chaque fois qu'ils montent dans un bus et les conducteurs à veiller à ce que cela soit bien fait.

En fait, dès le début de l'opération, la direction de la RATP a demandé aux conducteurs d'être volontaires pour faire aussi des contrôles à bord des bus afin d'inciter les voyageurs à montrer ou à valider leur titre de transport. C'était sous prétexte de permettre aux conducteurs de se changer les idées, en lâchant le volant de temps en temps pour jouer les surveillants. Mais très vite la direction a changé de ton, annonçant qu'il fallait vraiment s'impliquer dans le projet et que cela compterait pour le déroulement de carrière. Cette année, elle a même institué une prime annuelle, supposée récompenser l'application des conducteurs dans ce nouveau travail!

À terme, la direction voudrait bien imposer aux conducteurs de rappeler systématiquement aux voyageurs qu'ils doivent montrer leur titre de transport, lorsqu'ils ne le font pas spontanément. Dans ce but, au dépôt de Thiais par exemple, dans le Val-de-Marne, la direction vient d'intégrer cette «Bus attitude», comme elle l'appelle, dans le suivi professionnel des conducteurs. Les cadres sont également tenus d'intervenir sévèrement contre les conducteurs qui refuseraient d'obtempérer. En somme, pour la direction, la carrière de conducteur de bus seraient en passe d'être associée à une carrière de contrôleur des transports... ce qu'ils ne sont pas prêts à accepter