EDF : Pour rassurer les actionnaires, la direction confirme les suppressions d’emplois15/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1950.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

EDF : Pour rassurer les actionnaires, la direction confirme les suppressions d’emplois

Dans un communiqué, la direction d'EDF a rappelé sa décision de ne remplacer qu'un départ à la retraite pour trois ou pour quatre, ce qui devrait se traduire par environ 6000 suppressions d'emplois en deux ans. La nouvelle a ainsi fait sensation et, aux yeux de tout le monde, «c'est pour les actions».

C'est qu'en effet depuis son introduction en Bourse, le 21novembre, la valeur de l'action EDF était descendue en dessous de son prix d'introduction. Cela fait évidemment mauvais effet, pour une opération d'ouverture du capital au secteur privé dont la direction tout comme l'État avaient vanté l'ampleur et le caractère positif. Et cette situation pourrait durer jusqu'en 2007, lorsque EDF pourra, en principe, fixer librement ses tarifs (c'est-à-dire les augmenter) auprès de la clientèle des «particuliers», qui recouvre l'immense majorité de la population.

La direction, voulant éviter un effondrement du cours de l'action EDF, a donc décidé de rappeler que les effectifs allaient diminuer. Et aussitôt la valeur de l'action a légèrement remonté.

Mais si cette affaire boursière a joué le rôle de révélateur pour les médias, l'érosion des effectifs n'est pas une nouveauté à EDF, elle existe depuis de longues années. En 1984 l'entreprise comptait 124931 agents; en 1994 (dix ans plus tard) 117507, soit 7424 de moins; et en 2004 (encore dix ans après) 109463, soit à nouveau 8044 en moins. EDF n'a attendu ni l'ouverture du marché ni l'ouverture du capital pour aggraver les conditions de travail des salariés. Cependant les 6000 suppressions d'emplois d'ici fin 2007 représenteraient un fort coup d'accélérateur dans cette politique.

Le personnel n'a évidemment pas découvert une situation qui lui était connue depuis plusieurs mois, et n'a pas apprécié que certains leaders syndicaux jouent les étonnés. Beaucoup font cette remarque: «À l'allure où ça va, on va droit au mur, on ne pourra pas faire le boulot.» Car non seulement il y a moins de personnel, mais les conditions de travail ont empiré avec l'ouverture à la concurrence et la séparation du secteur technique d'avec le secteur commercial (au nom du respect de la libre concurrence). La pagaille qui en a résulté chez les clients «professionnels» n'est absolument pas résorbée, et même pas en voie de l'être. Et tout le monde appréhende le chaos qui risque d'apparaître lors de l'ouverture à la concurrence aux «particuliers», le 1er juillet 2007.

Ajoutons à cela que le secteur nucléaire n'est pas épargné par les suppressions d'emplois à venir, et que là les risques sont évidemment plus grands qu'une simple pagaille généralisée.

Lors de la tempête de fin 1999, qui avait jeté à terre une grande partie des lignes électriques, EDF avait réussi, en mobilisant le personnel, à réparer les choses assez vite. Mais qu'en sera-t-il dans quelques années, avec moins de personnel, si une pareille catastrophe venait à se reproduire? Combien de temps faudra-t-il cette fois attendre le rétablissement du courant, surtout dans les régions isolées? C'est en fait à une dégradation générale du service qu'il faut s'attendre, en même temps qu'à son renchérissement.

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