Chine : La police tue des paysans qui réclament leur dû15/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1950.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chine : La police tue des paysans qui réclament leur dû

Le 6 décembre dernier, en Chine, la Police armée populaire (PAP), a tiré sur des villageois qui manifestaient dans le petit village de 3000 habitants de Dongzhou, non loin de Canton et de Hong Kong.

Les autorités reconnaissent trois tués, mais les villageois affirment qu'il y en a beaucoup plus, 10, 20, certains disent même 30. Il est d'autant plus difficile de connaître le nombre exact, qu'il semble que la police ait emmené des corps, puisque l'une des villageoises témoigne «avoir vu des gens s'agenouiller devant les policiers pour les supplier de leur restituer les corps de leurs proches».

Ce sont des centaines de villageois qui avaient manifesté, ce 6décembre, pour réclamer d'être correctement indemnisés par la municipalité, qui a vendu leurs terres pour construire une centrale électrique. L'un des habitant de Dongzhou s'indigne: «Les lois existent en Chine, mais elles ne sont pas appliquées. Nos terres ont été vendues, mais on a été très peu indemnisé: on aurait dû toucher dix fois plus que ce que l'on nous a donné.» Suite à cette manifestation, un certain nombre de villageois considérés comme des meneurs ont été arrêtés, ce qui a entraîné dans la soirée une deuxième manifestation, sur laquelle la police a tiré.

Il a fallu quatre jours pour que ces événements soient connus mais, maintenant qu'ils ont fait le tour du monde, les autorités chinoises parlent «d'une erreur» et ont arrêté l'un des responsables qui a commandé de faire feu. Elles ont annoncé l'ouverture d'une enquête.

En fait, ce type de conflit entre les villageois et les autorités locales à propos des terres se multiplie. Les autorités locales disposent des terres des paysans pour toutes sortes de projets industriels ou immobiliers, puisque la terre appartient aux pouvoirs publics, et elles ne versent le plus souvent que des indemnités dérisoires aux paysans ainsi privés de ressources. Les plaintes officiellement enregistrées se montaient à près de 3000 en 2003, dépassaient 5400 en 2004, et avaient déjà dépassé les 4000 pour les sept premiers mois de 2005. Les manifestations sont fréquentes, les affrontements avec la police aussi, même s'ils n'aboutissent pas à des massacres de cette ampleur. Les arrestations sont nombreuses.

Cette fois c'est dans la province du Guangdong, qui fut une pionnière de l'ouverture de la Chine aux capitaux étrangers et qui est l'une des provinces les plus riches, que l'on assiste à la spoliation des paysans. C'est dire que le développement du capitalisme, bien loin d'apporter la prospérité à tous, creuse encore un peu plus les inégalités entre une minorité de privilégiés et ceux qu'elle dépouille pour s'enrichir. C'est ainsi que des dizaines de millions de paysans en sont réduits à fuir les campagnes pour venir grossir la population misérable des villes, à la recherche d'un emploi à n'importe quel prix, pour le plus grand profit des bourgeois chinois et des multinationales étrangères.

Mais les manifestations de protestation et les révoltes qui se multiplient et prennent parfois une grande ampleur témoignent du fait que les laissés-pour-compte des transformations économiques et sociales se laissent de moins en moins faire et que la répression ne les fait plus taire.

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