Les pompiers imposent un recul aux pouvoirs publics17/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1640.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les pompiers imposent un recul aux pouvoirs publics

Venus de toute la France, 11 000 pompiers ont manifesté lundi 13 décembre à Paris, de Denfert-Rochereau au Champ-de-Mars.

Depuis plusieurs semaines, les pompiers sont mobilisés pour faire reconnaître le caractère dangereux de leur métier et obtenir, en compensation de la reconnaissance d'un métier contraignant et difficile, la retraite à 50 ans. Ils ont obtenu la signature d'un protocole d'accord, signé par l'intersyndicale CGT-FO-CFTC et la direction de la défense et de la sécurité civiles (DDSC) sur un congé de fin d'activité à 50 ans et la révision dans le cadre d'une procédure d'urgence de la loi qui régit leur métier.

Les pompiers sont en effet soumis à des dangers divers : brûlures lors des gros incendies, intoxications chimiques, plongées dans des eaux polluées, etc. Il faut y ajouter l'usure qu'entraînent des semaines de 60 heures et des gardes qui peuvent durer 24 heures de suite. Le métier s'est d'autant plus dégradé qu'il est frappé lui aussi par le manque d'embauches et des effectifs réduits, toutes conditions que dénoncent les pompiers en lutte. Ils estiment donc légitimement avoir le droit de bénéficier des mêmes avantages que les policiers ou le personnel pénitentiaire.

En trois mois, les pompiers ont donc manifesté cinq fois. La manifestation de lundi a connu le plus grand nombre de participants. Ils ont parcouru les rues de la capitale avec des banderoles où était inscrit notamment : " Papa, nous verras-tu grandir ? ", ou encore un cercueil sur lequel était peint " Catégorie dangereuse et insalubre ".

La mort d'un pompier à Nantes, tombé d'un toit quelques jours auparavant, a rappelé à tous que le métier de pompier comporte de réels dangers. Et il faut toute la mesquinerie des pouvoirs publics pour que ce point puisse être contesté par ce gouvernement, qui n'a cessé, depuis le début de ce mouvement, de tergiverser avec les pompiers en lutte, faisant donner plusieurs fois sa police contre les pompiers mécontents.

Et d'ailleurs, cette fois encore, pendant que se déroulait la négociation, ils ont récidivé. Des affrontements ont eu lieu, sous la tour Eiffel, entre les CRS et 2 000 pompiers qui estimaient le protocole encore insuffisant et qui ont essayé de poursuivre leur manifestation vers le métro La Motte-Picquet.

Le protocole obtenu accorde la possibilité de s'arrêter à partir du cinquantième anniversaire et les pompiers concernés toucheraient une retraite à hauteur de 75 % de son montant, à condition d'avoir cotisé au moins 25 ans. Les 25 % manquants ne seraient débloqués qu'à 55 ans (âge actuel de leur retraite). D'autre part, la procédure d'urgence devrait permettre de réviser la loi de 1983 qui régit la profession et donc faire reconnaître le caractère dangereux de ce métier.

Le protocole reste en-deçà de ce qui était exigé par les pompiers les plus décidés. De toute façon, tous ont intérêt à rester vigilants et à maintenir leur pression sur les pouvoirs publics. En effet, on a déjà vu il n'y a pas si longtemps, avec les routiers notamment, des accords signés pour mettre un terme à la mobilisation d'une profession et ne pas être mis en pratique dès lors que le mouvement était arrêté.

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