Ile de la Réunion - la loi d'orientation pour les départements d'outre-mer : Toujours plus de cadeaux pour les patrons17/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1640.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Ile de la Réunion - la loi d'orientation pour les départements d'outre-mer : Toujours plus de cadeaux pour les patrons

A la mi-novembre, le gouvernement a annoncé que le budget de l'outre-mer allait augmenter de 13,6 %, passant à 6,3 milliards de francs. Sur cette somme, 40 % devraient être consacrés à l'emploi. Le 10 décembre, il communiquait aussi les grandes lignes de son projet de Loi d'orientation pour les DOM.

De ces documents, il ressort que le patronat va voir sa part augmenter comme jamais auparavant. Le gouvernement avait déjà dit que la loi de défiscalisation serait maintenue jusqu'en 2002. Il annonce aujourd'hui une exonération totale des cotisations patronales de Sécurité sociale, en priorité pour toutes les entreprises de moins de onze salariés, sur les salaires inférieurs ou égaux à 1,3 fois le SMIC, c'est-à-dire sur la majorité des salaires pratiqués à la Réunion. Et comme si ces cadeaux ne suffisaient pas, il ajoute l'exonération supplémentaire de 9 000 F par an et par salarié pour les entreprises passant aux 35 heures.

Tous ces cadeaux ne serviront évidemment pas à créer des emplois supplémentaires, ils ne feront qu'enrichir un peu plus de nombreux patrons.

Large et obséquieux vis-à-vis des riches, le gouvernement n'a pas les mêmes attentions pour les travailleurs et les chômeurs. Les RMIstes, par exemple, devront encore attendre cinq ans pour que dans les DOM leur allocation soit au niveau de celle existant en France, soit 20 % de plus. Sans aucun état d'âme, Jospin et son équipe s'apprêtaient même à retrancher 20% sur la prime de 1 000 F pour les fêtes de fin d'année, accordée aux RMIstes français, suite à leurs manifestations. Mais devant le tollé provoqué par une telle mesure, il a dû reculer.

Enfin, et pour répondre aux attentes de nombreux politiciens réunionnais, le gouvernement, sous prétexte de décentralisation, a décidé de transférer aux institutions locales un certain nombre de ses attributions : routes nationales, relations avec les pays de la zone, production d'énergie... Mais cette décentralisation, ou plutôt cet abandon de ses attributions, est un marché de dupes puisque l'État, qui a de plus en plus tendance à laisser aux Régions ce qui était jusqu'alors de sa responsabilité (santé, Éducation nationale, transports, logement), ne compense pas intégralement son retrait sur le plan financier. Le résultat se traduit bien souvent par une dégradation des services rendus à la population (suppressions de lits dans les hôpitaux, de classes surtout dans les quartiers pauvres, de lignes de transports dites " non rentables "...), et par une pression accrue des taxes touchant les milieux populaires.

Les mesures annoncées dans la Loi d'orientation pour les DOM ne concernent donc ni les chômeurs, ni les travailleurs, dont le RMI et le SMIC n'augmenteront pas dans l'immédiat. Le gouvernement se garde ainsi de prendre les mesures d'urgence qui soulageraient la misère des plus pauvres pour qui la vie est un combat de tous les instants pour se vêtir, se nourrir, se loger. Aucune des mesures envisagées ne rompt avec la politique jusqu'ici menée au service des riches car rien n'oblige les patrons à prendre sur leurs profits et leur richesse pour créer des emplois. Au contraire même, les mesures contenues dans la Loi d'orientation les favorisent grandement.

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