Quinze jours de grève à la mairie de Rennes17/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1640.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Quinze jours de grève à la mairie de Rennes

À partir du lundi 29 novembre, la mairie de Rennes a été paralysée par une grève qui ne s'est terminée que le 13 décembre. Celle-ci a débuté sur la revendication d'une indemnité mensuelle de 1 000 F par mois, dite " prime de préfecture ". Les grévistes appuyaient leur demande sur un décret qui autorise les maires à verser, à certains agents communaux, une indemnité d'un montant variable accordée au personnel de préfecture. A Rennes, il a été convenu de demander la même somme pour les agents concernés par le décret, soit 1 000 F. Ils sont 1 500 agents sur les 4 000 employés de la mairie.

Plus d'un millier de personnes se sont donc mises en grève, les assemblées générales rassemblant 7 à 800 grévistes dans une ambiance combative. Ils ont occupé jour et nuit le Grand Salon de l'hôtel de ville.

La détermination des grévistes a été amplifiée par l'attitude du maire socialiste, Edmond Hervé. Celui-ci a mis une semaine avant de commencer à répondre à leurs revendications. Il a été particulièrement hautain envers les agents en grève qui sont pourtant, pour beaucoup d'entre eux, des personnes qu'il côtoie très régulièrement. Et comme disent certains grévistes : " Avant c'était Monsieur le Maire, maintenant, c'est le patron " et " Ce ne sera plus comme avant, les choses vont changer dans nos rapports avec les élus ".

Edmond Hervé a effectivement montré son mépris pour le personnel de la mairie en tentant de les faire passer pour des nantis ou en expliquant que, pour satisfaire leur demande, il faudrait augmenter les impôts locaux.

Dans une lettre à la population les grévistes ont, au contraire, montré combien les salaires étaient souvent faibles dans les mairies. Par exemple, un agent spécialisé des écoles maternelles débute à 6 003 F net par mois pour arriver à 7 500 F après 26 ans de carrière !

Les grévistes, dont certains sont bien placés pour savoir ce qu'il en est des finances de la ville, ont aussi démontré que la municipalité pouvait satisfaire leurs revendications sans imposer davantage la population. En particulier, ils ont fait savoir que la taxe professionnelle est particulièrement faible à Rennes. En 1999, elle est de 13,87 % alors que pour les grandes villes le taux se situe autour de 20 %. Ce qui fait dire à l'intersyndicale qui a dirigé la grève que " Monsieur le Maire si soucieux des bas salaires et adepte des leçons de morale préfère faire des cadeaux royaux au patronat rennais plutôt que d'apporter une réelle reconnaissance à celles et à ceux qui font fonctionner le service public... ".

Du fait de la grève, les crèches ont été fermées, les repas n'étaient plus servis dans les cantines scolaires. Mais, malgré la gêne occasionnée pour les usagers, les tentatives de mobiliser certains d'entre eux contre les grévistes ont échoué. Les deux appels à manifester contre la fermeture des crèches ont rassemblé entre dix et trente personnes, en comptant les enfants !

Devant la détermination des grévistes, Edmond Hervé a dû faire des concessions. Il a proposé 208 F de prime par mois pour les agents relevant du décret, et 416 F en septembre. Les agents non concernés par le décret qui perçoivent un salaire inférieur à 7 500 F recevront également 208 F par mois à partir de janvier. Ces propositions ont été largement refusées par les grévistes, vendredi 10 décembre, malgré un vote à bulletins secrets demandé par certains syndicats. Sur 650 votants, 503 ont voté pour reconduire la grève.

Finalement, lundi 13 décembre, le maire a fait une nouvelle concession en donnant les 416 F dès janvier prochain. Les syndicats ont aussitôt organisé un vote à bulletins secrets qui a conduit à la fin de la grève. Mais pour beaucoup, le compte n'y est pas et c'est la rage au ventre que bien des grévistes vont reprendre le travail. En effet, il restera dans les mémoires qu'il a fallu quinze jours de grève pour obtenir moins de la moitié des 1 000 F que les grévistes estimaient comme leur dû et cela, face à un maire qui se dit de gauche et qui prétend se faire élire avec les voix des travailleurs !

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