Pour imposer une vraie politique contre le chômage la lutte de classe reste la seule voie17/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1640.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Pour imposer une vraie politique contre le chômage la lutte de classe reste la seule voie

Les manifestations du samedi 11 décembre contre les licenciements et la politique du grand patronat ne se sont pas déroulées qu'à Paris. Cette fois elles se sont déroulées aussi dans de nombreuses villes de province, comme une continuation de la journée du 16 octobre à Paris. La grande presse a mis à profit le fait que la manifestation parisienne avait fusionné avec celle prévue par les associations de chômeurs qui revendiquent (à juste titre) le relèvement des minima sociaux, pour ne retenir que cet aspect-là du problème. En quoi elle veut tromper son public, voire rassurer le patronat. Car si à Paris ce contenu se voyait moins, dans les manifestations des villes de province ce qui ressortait, comme pour le 16 octobre, c'était l'exigence de prendre sur les profits patronaux pour financer de véritables mesures contre le chômage.

Relever les minima sociaux, et les relever à un taux qui permette de vivre vraiment, et pas seulement de survivre, ce serait effectivement la moindre des choses. Et il faut tout le mépris de Martine Aubry envers les chômeurs pour oser présenter comme suffisants les quelques francs par mois supplémentaires décidés par le gouvernement.

Cependant, lutter contre le chômage est bien le fond du problème. Malgré toutes les manipulations des statistiques officielles, le taux de chômage continue à dépasser les 10 % de la population active. Des centaines de milliers de familles de travailleurs, dont un ou plusieurs membres sont touchés par le chômage de longue durée, s'enfoncent lentement dans la misère. Toute la population laborieuse, soumise au chantage à l'emploi, voit son niveau de vie reculer, les conditions de travail se dégrader, les horaires se faire de plus en plus démentiels au fur et à mesure que les patrons, avec l'aide du gouvernement, imposent plus de " flexibilité ".

Revendiquer le relèvement des minima sociaux est indispensable mais à long terme pas suffisant. Revendiquer, comme l'a fait Robert Hue ces jours derniers, que le gouvernement prenne au moins cinq milliards sur les rentrées fiscales excédentaires est une évidence... même si ce langage gêne moins Jospin et le Parti Socialiste que de dire qu'il faut prendre sur les profits patronaux pour créer les innombrables emplois qui manquent dans les hôpitaux, l'enseignement, les transports en commun, les services publics.

Non, ce qui doit être l'objectif fondamental de tous ceux qui veulent se défendre, c'est de s'attaquer au chômage lui-même en faisant tout pour contraindre le gouvernement à interdire les licenciements dans le privé, en particulier dans les entreprises qui font des bénéfices ; pour le contraindre à arrêter de réduire les effectifs des services publics et à prendre sur les profits accumulés depuis des années par les grandes sociétés pour financer les créations d'emplois nécessaires.

Pour parvenir à cela il faudra, bien sûr, que la classe ouvrière montre sa force et démontre qu'elle est prête à s'en servir. Cela ne peut pas se faire en un jour. Il faut montrer que c'est possible, redonner confiance aux travailleurs et aux militants démoralisés par la politique des gouvernements qui se disent de gauche. Redonner confiance à ceux que l'émiettement des journées d'action syndicales désoriente. En fait il faut préparer une riposte générale de l'ensemble de la classe ouvrière. Le 16 octobre ouvrait une perspective en ce sens. Le 11 décembre aurait pu le confirmer mieux. Mais la mobilisation du monde du travail reste pourtant la seule voie qui puisse imposer un changement de politique. C'est cet objectif-là que doivent continuer à préparer tous les travailleurs qui veulent défendre les intérêts de leur classe.

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