Après les manifestations du 11 décembre17/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1640.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Après les manifestations du 11 décembre

Les manifestations du 11 décembre qui se sont déroulées dans plus d'une quarantaine de villes du pays, ont permis une seconde fois, après celle, centrale, du 16 octobre, à des milliers de militants et de travailleurs de crier leur volonté de mettre un coup d'arrêt à la politique du patronat, qui, plans de licenciements après plans de licenciements, alimente le chômage. Le nombre de manifestants ce jour-là a été, d'après nos comptages, un peu en retrait par rapport à celui du 16 octobre, mais du même ordre de grandeur.

Ce résultat, même si l'objectif de l'élargissement espéré n'a pas été atteint, reste encourageant. Car les obstacles mis à cette mobilisation n'ont pas été négligeables et ne relevaient pas seulement des conditions météorologiques exécrables. Il y a, c'est sûr, le fait que le 16 octobre venait juste après l'annonce par Michelin de procéder à des suppressions d'emplois alors qu'il déclarait dans le même temps de copieux bénéfices. Depuis, l'émotion provoquée par cette annonce a pu s'estomper, mais la question des licenciements reste, elle, entière, et pas qu'à Michelin !

Mais il y a eu aussi le fait que le PCF, en tout cas au travers de l'Humanité, n'a guère fait campagne pour la popularisation de cette manifestation, attendant la veille et le jour même pour en parler nettement et la présenter comme s'inscrivant dans la continuité du 16 octobre. C'était bien tardif pour motiver et même pour informer les militants du PCF des intentions de leur direction. Ce qui n'a pas empêché cependant qu'en province ils aient répondu à l'appel.

Et puis, il y a eu les interventions de Robert Hue à la télévision et à la radio, quelques jours avant le 11 décembre. Il a profité de ces opportunités médiatiques pour appeler à la manifestation de ce jour-là, mais en mettant l'accent sur sa proposition d'aider les chômeurs, en réclamant du gouvernement qu'il consacre 5 milliards sur les rentrées fiscales, plus abondantes que prévues, en faveur de ceux-ci. L'aide aux chômeurs, pris à la gorge quotidiennement par la misère, confrontés à l'urgence d'une situation bien souvent dramatique, est évidemment une nécessité. Force cependant est d'admettre que la proposition de Hue reste dérisoire, face aux nécessités immédiates des chômeurs. Elle représente deux fois et demie les deux milliards que propose Jospin. Cela reste bien loin du compte et des revendications des associations de chômeurs.

Mais le plus grave à notre sens n'est pas là.C'est qu'au lieu de s'attaquer aux entreprises qui font des profits en même temps que des plans de licenciements, la proposition de Hue revient à prendre sur les recettes de l'Etat, que l'on sollicite pour payer, ce qui est une manière - une fois de plus - d'éviter de s'en prendre aux fabuleux profits des grandes sociétés qui sont pourtant celles qui fabriquent régulièrement des dizaines de chômeurs qui viennent s'ajouter aux millions de sans-emplois qui existent déjà.

Le soutien aux chômeurs est indispensable. Protester contre la situation qui leur est faite et agir pour la rendre moins insupportable est nécessaire, et nous le faisons sans réserve. Mais il faut aussi et surtout préparer le monde du travail - avec ou privé d'emploi - à agir au-delà, en direction des responsables et des bénéficiaires de la situation, les grandes sociétés industrielles et financières. Il faut imposer, à ceux- là tout d'abord, qu'ils payent les dégâts sociaux dont ils sont responsables en prenant sur leurs profits. Il faut aussi qu'on leur impose l'interdiction de licencier, à commencer là où ils font des profits. C'est, en fait, le cas de toutes ces grandes entreprises. On pourrait d'ailleurs s'en rendre compte si les travailleurs et leurs représentants avaient le pouvoir d'accéder aux comptabilités de ces sociétés.

La situation faite à la classe ouvrière existe depuis longtemps. Et elle empire, quoi qu'en disent les ministres, leurs porte-parole et leurs porte-plume. Les raisons qui ont justifié la manifestation du 16 octobre, puis du 11 décembre, restent présentes. C'est bien pourquoi il ne faut pas en rester là et agir pour créer un rapport de forces qui, en mobilisant le monde du travail, ensemble, sur le terrain où il peut montrer sa force, dans la rue, dans les entreprises, puisse enfin mettre un coup d'arrêt au gâchis social dont le patronat est responsable.

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