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- Lutte ouvrière n°1640
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Dans les entreprises
Gault et Frémont (Saint-Pierre-des-Corps, Indre-et-Loire) : Coup de colère
Gault et Frémont, entreprise de deux cent soixante-dix salariés en banlieue tourangelle produisant des emballages alimentaires, a connu un coup de colère début décembre à propos des 35 heures.
Mais cela a surtout été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, les sujets de mécontentement ne manquant pas.
Le travail ( en équipes ) est très physique pour la plupart des ouvrières; le décorticage du carton entraîne des maladies professionnelles ( tendinites, etc. ). Les cadences sont rapides sur les chaînes de pliage du carton. Et puis c'est toujours plus, toujours plus vite, les réflexions pour attendre la pause pour aller aux toilettes...
Et si les cadences sont élevées, ce n'est pas le cas des salaires, qui tournent autour de 6 000 F pour les ouvrières.
L'entreprise a changé de mains il y a deux ans. Depuis, les conditions de travail se sont détériorées et en plus, l'entreprise a licencié trente-six personnes : d'abord dans les bureaux en 1998, puis le PDG a carrément supprimé le transport, licenciant les quinze chauffeurs cet été. Ceux-ci ont alors fait grève plusieurs jours et les ateliers ont débrayé en soutien. Les chauffeurs ont obtenu de partir avec plus d'argent que prévu initialement.
Puis ce sont encore huit employées qui viennent d'être licenciées, pour restructurer les bureaux, dans le cadre d'un licenciement économique.
Tout cela est dur à avaler quand on sait que l'entreprise est largement bénéficiaire, comme le confirme un article qui vient de paraître dans la presse locale, indiquant que Gault et Frémont occupe la septième position au " Top 200 " des entreprises industrielles du département, avec un bénéfice net de 9,5 millions de francs !
À l'occasion de la journée d'action du 30 novembre, la CGT de l'usine avait appelé à un débrayage pour une AG. C'est là qu'a germé l'idée de la grève, à propos des 35 heures, pour ne pas perdre d'acquis. En effet, le patron avait l'intention de revenir sur les trois jours de carence ( jours payés par l'entreprise en cas de maladie ). La grève a démarré le lendemain, mercredi 1er décembre, à 5 heures, suivie par l'équipe d'après-midi : grève majoritaire chez les ouvriers, avec aussi des employées de bureau. La grève s'est poursuivie le jeudi et le vendredi. Le lundi matin 6 décembre, les grévistes d'équipe d'après-midi étaient là pour accueillir ceux du matin, ainsi que les employées grévistes.
Vu la tête des responsables le lundi matin, il est certain qu'ils ne s'attendaient pas à nous trouver encore là. Toujours est-il qu'en fin de matinée, la direction a proposé un protocole d'accord de reprise du travail, où elle s'engageait à négocier pour les 35 heures, des solutions qui " ne pénalisent pas les salariés " et à payer les jours de carence pour deux arrêts de travail dans l'année. La discussion sur les 35 heures est remise à plus tard.
Les grévistes ont repris le travail sur cet accord, contents d'avoir montré qu'ils n'étaient pas prêts à tout accepter. Ils attendent maintenant la suite de la négociation prévue en janvier, espérant que la direction a bien entendu le message.