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- Lutte ouvrière n°1640
- Nos lecteurs écrivent - Foyer de l'Enfance des Alpes-Maritimes : Quatre jours de grève... et la direction renonce (momentanément) à ses attaques contre les congés
Dans les entreprises
Nos lecteurs écrivent - Foyer de l'Enfance des Alpes-Maritimes : Quatre jours de grève... et la direction renonce (momentanément) à ses attaques contre les congés
Le Foyer de l'Enfance, établissement public autonome qui fonctionne avec un budget attribué par le Conseil général des Alpes-Maritimes et reçoit des mineurs de tous âges en situation de détresse familiale, est placé sous la responsabilité d'un Conseil d'administration dont le président est également celui du Conseil général. Mais cette fonction est exercée, de fait, par le vice-président de ces deux assemblées.
Trois cents personnes environ (éducateurs, agents de service et administratifs, veilleurs de nuit, psychologues, etc.) sont employées sur une vingtaine de structures, ainsi qu'une cinquantaine d'assistant(e)s qui accueillent des enfants à leur domicile.
Depuis plusieurs années, dans ce département comme partout, la situation sociale se dégrade et une des conséquences est l'augmentation continue du nombre d'enfants placés qui présentent, comme leurs familles, des problèmes de plus en plus difficiles à résoudre. Par répercussion, les conditions de travail se détériorent à mesure que la charge de travail augmente pour tous les personnels : sureffectifs d'enfants à accueillir dans les internats ; augmentation du nombre de situations au service des placements en famille d'accueil et liste d'attente des enfants à y placer ; accroissement des tâches administratives ; difficultés à accorder une attention personnalisée de qualité à chaque enfant (scolarité, apprentissage de l'autonomie, relations parentales, etc.).
Il y a quelques semaines, sans attendre la concrétisation de promesses quant à l'augmentation du budget par le Conseil général et l'embauche de personnel (sans oublier le déménagement de locaux obsolètes), la direction s'en est prise aux congés (perte de trois jours à une semaine de congés annuels selon les catégories et de deux " journées exceptionnelles "). Ces congés n'étant pas un privilège quand on connaît les contraintes " habituelles " liées à l'internat, ainsi qu'à la " mission de service public " (fonctionnement tous les jours de l'année).
La CGT appelait donc à une journée de grève reconductible le 30 novembre. Ce jour-là, le personnel se mobilisa de façon plus conséquente que lors d'actions précédentes puisque 75 grévistes étaient comptabilisés. Reçu par la direction, le comité de grève (regroupant plus d'une trentaine de salariés, CGT, CFDT et non syndiqués) se heurta à l'intransigeance de celle-ci, prête seulement à revenir sur les deux journées exceptionnelles et proposant de négocier les autres revendications le 16 décembre.
Réuni en assemblée, le comité de grève vota donc à l'unanimité la reconduction du mouvement pour 24 heures. Malgré les réquisitions, la mobilisation ne faiblissait pas et 77 grévistes étaient comptabilisés le 1er décembre. Le lendemain, la grève fut reconduite à l'unanimité et, malgré les réquisitions massives, 104 grévistes étaient recensés. Le chiffre montait à 130 grévistes le 3 décembre.
Ainsi que le demandait le comité de grève, une délégation fut reçue par le Conseil d'administration et pas seulement par le représentant du personnel qui siège habituellement. Le vice-président rappela la demande d'augmentation substantielle du budget (10 millions de francs) présentée au Conseil général suite à un précédent mouvement de grève en octobre et à des commentaires peu amènes des juges pour enfants quant aux conditions d'accueil dans les foyers. Ceci représente, en particulier, la création de 20 postes de personnel éducatif, 7 postes de veilleurs de nuit, 78 heures hebdomadaires de psychologues et devrait permettre d'obtenir des conditions normales de travail dans le cadre des 39 heures hebdomadaires.
Il annonça aussi que le Conseil d'administration venait de voter la création des quatre postes supplémentaires promis aux grévistes l'avant-veille ainsi que la suspension de la mesure restreignant les congés jusqu'à l'arrivée effective des personnels prévus à l'embauche après le prochain vote du budget par le Conseil général.
En assemblée générale, le comité de grève décida alors la suspension du mouvement jusqu'à l'examen par la direction de la revendication du paiement des journées de grève et du résultat des négociations du 16 décembre.
Il ne fait aucun doute que cette mobilisation a été un moment important qui laissera une empreinte forte (pour le personnel... et pour la direction) au moment où s'engageront d'autres négociations (pour le passage aux 35 heures par exemple)... ou lors d'attaques ultérieures contre nos congés.