A l'ONF, conditions de travail ancestrales17/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1640.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

A l'ONF, conditions de travail ancestrales

Les ouvriers forestiers de l'ONF (Office National des Forêts) de la Bourgogne (Côte-d'Or, Saône-et-Loire et Yonne) étaient en grève le 14 décembre et sont venus à la direction régionale à Dijon à l'occasion de la venue du directeur général de l'ONF pour manifester leur ras-le-bol quant à leurs conditions de travail, d'embauche et de salaire. Le directeur général était d'ailleurs absent, soi-disant alité. Comme disait l'un d'eux : " Lui, il peut se permettre d'être malade, il est payé ".

Le travail des ouvriers forestiers consiste en abattage d'arbres, nettoyage des semis pour la régénération. Ce sont des employés de l'ONF, mais embauchés sous le régime de droit privé : pas de garantie de l'emploi, embauche comme CDD (900 heures par an) ou CDI. Les conditions de salaires sont de 49 F de l'heure sur la base des 35 heures. Il y a une dizaine d'années, il y avait trois cent cinquante ouvriers dans la Bourgogne, cent quatre-vingts aujourd'hui.

Les conditions de travail sont dures : pas d'abri en forêt pour se changer le matin ou le soir, ou s'abriter le midi pour manger quand il pleut, pas d'eau pour se laver ne serait-ce que les mains. Le transport sur le lieu de travail se fait à leurs frais (voiture personnelle), y compris pour le matériel de travail (tronçonneuse...), ce qui justifie souvent une deuxième voiture. Il est très difficile d'avoir une voiture de l'ONF même si celle-ci est libre du fait de congé d'agent. A midi, pas question d'aller au restaurant comme certains chefs qui viennent les voir sur les chantiers car ils ne touchent en tout et pour tout que 36 F de prime de panier. Depuis la signature des 35 heures en juin 1999 (signées par les syndicats sauf la CGT), le temps de repas (trois quarts d'heure au lieu de vingt minutes auparavant) n'est plus compris dans le temps de travail. Beaucoup hésitent à se dire malade. Certains chefs poussent le vice jusqu'à espionner les ouvriers à la jumelle pour leur reprocher leurs arrêts dans la journée.

L'accord des 35 heures devrait permettre selon la direction de créer onze emplois et demi, mais comme il y a dans l'année neuf démissions ou licenciements pour inaptitude et pas de remplacement, cela se traduit en fait par la création de deux emplois et demi.

L'ONF fournit aux ouvriers forestiers les équipements de sécurité (casque, chaussures, vestes, pantalon) et ils ne travaillent pas tout seuls, ils travaillent à deux mais, comme les effectifs n'ont pas cessé de baisser, la surface à couvrir est d'autant plus grande et ils peuvent faire jusqu'à 100 km pour se rendre sur un chantier.

Jusqu'en juin 1999, certains ouvriers comme ceux de la Nièvre étaient payés à la tâche pour les travaux d'abattage. Les directeurs de l'ONF les mettent en concurrence avec les entreprises privées employant de la main-d'oeuvre souvent immigrée sous-payée (le coût de revient pour une entreprise privée serait de 900 F l'hectare contre 1 500 F pour les ouvriers de l'ONF aux dires de l'ONF).

Les ouvriers forestiers vont toucher une prime de fin d'années de 3 500 F. Celle d'un agent est de 20 000 F, celle d'un ingénieur de 1 000 000 F et celle des directeurs est top-secret.

Ils revendiquent de meilleures conditions de travail (abri, voiture, temps de repas pris sur le temps de travail), la retraite à 55 ans, l'abaissement des horaires à 32 heures par semaine pour les plus de 50 ans. Des salaires décents, 6 900 F minimum, et un treizième mois qui ne soit pas une prime.

Le 14 décembre, plus d'une centaine d'ouvriers étaient venus à la direction régionale pour soutenir leur délégation. Deux messages de soutien d'Arlette Laguiller ont été lus et chaudement applaudis. Il est en effet temps que ces conditions de travail ancestrales, comme les qualifient les ouvriers forestiers de l'ONF eux-mêmes, soient dénoncées...

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