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- Lutte ouvrière n°1640
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Etats-Unis : Derrière la prétendue embellie de l'économie, la croissance de la misère
Alors que la presse d'ici ne tarit pas d'éloges sur la situation économique exceptionnelle que connaîtraient les Etats-Unis, la réalité sociale est bien plus sombre. Le tiers des travailleurs américains n'accède qu'à des emplois précaires : des emplois à temps partiel, temporaires, à la tâche ou sous contrat, qui sont autant de démentis aux déclarations qui prétendent que des emplois bien payés sont disponibles pour quiconque cherche du travail.
La diminution du nombre d'emplois permanents à plein temps affecte un grand nombre de choses, à commencer par les salaires. Les salaires horaires sont aujourd'hui plus bas qu'ils ne l'étaient au début des années soixante-dix. Le salaire minimum, même avec les augmentations votées lors de la dernière année d'élection présidentielle, est de 30 % inférieur, en termes réels, au niveau de 1968.
Aujourd'hui, 26 millions de personnes vivent dans des familles où au moins un membre a besoin chaque mois, pour sa nourriture des aides charitables. Environ 43 millions de personnes n'ont aucune assurance maladie. Et cela, sans parler de ceux qui n'ont aucun emploi - officiellement ou au noir.
Et pourtant, l'économie américaine en est maintenant à sa huitième année d'expansion - la période la plus longue depuis la guerre du Viêt-nam - avec la Bourse qui atteint de nouveaux sommets presque chaque mois et où les profits de la plupart des grandes entreprises planent quelque part dans la stratosphère.
La presse bourgeoise parle, pour cette période d'expansion, des " industries qui tirent la croissance ", c'est-à-dire des entreprises d'informatique ou encore de celles qui s'occupent de " haute technologie ". Mais, en fait, l'industrie où la croissance est la plus forte, si on compare les taux d'investissement c'est le secteur des... prisons. Il y a aujourd'hui quelque deux millions de personnes purgeant une peine de prison, sans compter ni ceux qui sont en préventive, ni les jeunes qui accomplissent des tâches d'intérêt général. Cela se traduit par un taux général d'incarcération plus important que celui de n'importe quel autre des pays industrialisés, de cinq à dix fois plus élevé que dans n'importe quel pays européen.
Ce qui marque cette période d'expansion, ce n'est pas tant sa longueur que l'aggravation de la pauvreté qui a augmenté tout au long de ces huit années, en même temps que se concentraient les richesses accumulées entre les mains d'une toute petite minorité tout en haut de l'échelle sociale. Aujourd'hui, 1 % des habitants, les plus riches, possèdent 40 % de toute la richesse dont disposent les possédants. Ce triste record reste invaincu depuis l'année où la Réserve fédérale a commencé à tenir une statistique, c'est-à-dire depuis 1922, à l'exception toutefois de l'année 1929...
Mais même si la force de travail augmente au cours de cette période d'expansion, le nombre des emplois dans les grandes entreprises qui étaient des forteresses syndicales, notamment l'industrie lourde, continue de décliner. Les entreprises, les unes après les autres, suppriment des emplois, au nom de la " restructuration ". Ce qui se cache derrière ce mot, c'est l'augmentation des cadences, des heures supplémentaires imposées, du travail précaire et de la sous-traitance mal payée.