Expulsion de Khatchik et de Leonarda : Manifestations lycéennes à Paris et en province23/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2360.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Expulsion de Khatchik et de Leonarda : Manifestations lycéennes à Paris et en province

À trois jours du début des vacances scolaires, des manifestations de lycéens à Paris et en province ont soudainement bousculé le gouvernement, et dénoncé sa politique d'expulsions.

Deux cas particuliers sont à l'origine de cette mobilisation. Il y a celui de Leonarda, collégienne de 15 ans dans le Doubs, interpellée le 9 octobre par la police à l'occasion d'une sortie scolaire. Elle a été expulsée avec sa famille vers le Kosovo, pays dont elle ne parle même pas la langue et alors que toute sa famille vivait en France depuis presque cinq ans. Il y a aussi le cas de Khatchik, 19 ans, en classe de CAP au lycée professionnel Camille-Jenatzy, dans le 18e arrondissement de Paris, expulsé lui vers l'Arménie où il doit être incorporé pour faire son service militaire de deux ans. Ces deux expulsions s'ajoutent à bien d'autres, mais elles ont joué le rôle de déclencheur.

Ce sont les proches de ces deux jeunes, élèves et professeurs, qui ont réagi en premier, ainsi que les associations comme RESF, des syndicats d'enseignants comme la CGT Éduc'ation, la CNT, ou des organisations de jeunesse comme la FIDL, L'UNL, les Jeunesses socialistes ou les Jeunesses communistes.

Dès le jeudi 17 octobre au matin, la mobilisation a subitement pris de l'ampleur. Plusieurs dizaines de lycées, dans l'Est parisien et dans certaines villes de province, comme Grenoble ou Avignon, ont été bloqués par des centaines de lycéens dénonçant la politique d'expulsions du gouvernement et réclamant le retour des deux jeunes. À Paris, pendant trois jours, des manifestations spontanées et des rassemblements centraux à l'appel des organisations lycéennes ont mobilisé des milliers de lycéens.

La réaction de Hollande, qui a justifié toutes les expulsions et a proposé à la jeune Leonoarda de revenir en France, mais seule sans sa famille, n'a pas éteint la contestation, au contraire. À peine Hollande s'était-il exprimé que les lycéens étaient encore un bon millier à manifester le samedi 19 octobre après-midi, jour de début des vacances, pour réclamer le retour de Leonarda avec sa famille, celui de Khatchik, et plus généralement l'arrêt de toutes les expulsions de jeunes scolarisés.

En défendant le droit à l'éducation pour tous, avec ou sans papier, les lycéens revendiquent une mesure de justice sociale élémentaire. Ils ont mille fois raison. Et dans l'ambiance nauséabonde de la propagande antiroms de ces dernières semaines, leur contestation est une véritable bouffée d'air pur.

Mais la logique de leur mobilisation en amène bon nombre à se poser des questions politiques plus générales. Beaucoup sont choqués que ce soit un gouvernement de gauche qui assume ces expulsions. Il n'y a pas à s'en étonner. De Michel Rocard déclarant qu'on « ne peut pas accueillir toute la misère du monde » à Édith Cresson qui se vantait de ses expulsions par charters entiers, sans parler du passé plus lointain du Parti socialiste pendant la guerre d'Algérie, le PS a montré depuis longtemps qu'il pouvait assumer une politique réactionnaire. Aujourd'hui, des jeunes en font l'expérience et en prennent conscience, ce qui est une bonne chose.

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