Goodyear, Amiens : Comment « sauvegarder » les emplois... en les supprimant23/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2360.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Goodyear, Amiens : Comment « sauvegarder » les emplois... en les supprimant

Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a convoqué les syndicats de l'usine Goodyear afin de discuter de la proposition d'une éventuelle reprise du site d'Amiens, promis à la fermeture. Il fait état d'une offre du groupe Titan, groupe auquel Goodyear a déjà sous-traité la production des pneus agricoles partout dans le reste du monde.

Il claironne que cela permettrait de sauver l'usine et de sauvegarder 333 emplois... alors qu'il reste encore près de 1 200 salariés dans l'entreprise ! Le ministre tente donc de se faire passer pour un bon Samaritain en proposant ni plus ni moins que le licenciement de 900 personnes.

Ce n'est pas la première fois qu'Arnaud Montebourg fait une telle annonce en évoquant ce même repreneur. En 2012, il était question de sauvegarder 537 salariés en fermant les ateliers de production des pneus de voiture pour ne conserver que ceux produisant des pneus de tracteur. Le PDG de Titan, Maurice Taylor, avait réagi à cette annonce du ministre par une lettre de mise au point très médiatisée : « Vous pouvez garder vos soi-disant ouvriers », lui signifiait-il, des ouvriers « fainéants », « qui ne travaillent que trois heures par jour ».

Difficile de démêler aujourd'hui la part de la précipitation d'un ministre avide de communiqués, des réelles intentions dont les patrons de Titan lui auraient fait part. Dans tous les cas, Montebourg apparaît pour ce qu'il est : le complice servile des patrons. Ceux de Goodyear en premier lieu qui cherchent depuis sept ans à fermer l'usine d'Amiens, mais se heurtent à une forte résistance des ouvriers dont ils redoutent l'explosion de colère. Ils ont dû se résoudre à reporter la fermeture et aimeraient bien vendre à un sous-traitant avec, comme condition de la reprise, le licenciement immédiat d'une partie du personnel. Quelques années plus tard, ledit sous-traitant fermerait une usine au personnel réduit et la multinationale Goodyear pourrait ainsi se laver les mains de la fermeture de sa plus grosse usine d'Europe. C'est très certainement ce qui se concocte.

Dans ce scénario, les actionnaires de Goodyear et de Titan se servent du ministre comme d'un vulgaire commis destiné à tester la réaction des ouvriers face à leurs propositions scélérates. « Obtenez un accord avec la CGT, nous irons boire du bon vin français » a déclaré le PDG de Titan à Montebourg.

Un tel mépris ne trompera personne et une nouvelle fois la mobilisation des travailleurs pourrait bien faire ravaler leur morgue à ces patrons et laisser apparaître que le souffle du clinquant ministre provient non pas d'un clairon mais d'une baudruche qui se dégonfle.

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