Médecins urgentistes : Ils refusent la pénurie23/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2360.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Médecins urgentistes : Ils refusent la pénurie

Les médecins urgentistes protestent contre la situation des services d'urgence, surchargés et au bord de l'asphyxie.

Chaque année près de 17 millions de personnes y sont admises dans 637 services, aux 3/4 dans des hôpitaux publics. Parmi ceux-ci près de 20 % doivent, en quittant les urgences, être hospitalisés et c'est aux médecins urgentistes que revient la charge de leur trouver un lit dans l'hôpital. Ils y consacrent de plus en plus de temps car le nombre de lits dans les hôpitaux est en diminution constante et en trouver un relève parfois de l'exploit. Et s'ils n'y arrivent pas, il n'est pas rare que des malades restent aux urgences plusieurs heures, voire plusieurs jours sur des brancards...

Les médecins urgentistes refusent donc depuis le 15 octobre de gérer ce problème qu'on appelle en langage administratif « la gestion des lits d'hospitalisation ». Ils demandent la création d'une cellule spéciale prenant en charge cette gestion sept jours sur sept et 24 heures sur 24. Cette revendication ne datant pas d'hier, la ministre de la Santé Marisol Touraine avait proposé fin avril la création de postes de « gestionnaires de lits »qui se chargeraient des malades à hospitaliser à leur sortie des urgences. Mais, austérité oblige, elle prétend le faire à effectifs constants et donc sans un centime de plus.

C'est parce que ces propositions sont largement insuffisantes et ne résoudront rien que les urgentistes ont commencé leur grève. Ils savent bien que ces « gestionnaires de lits » ne trouveront pas les lits qui manquent et que leur travail consistera à rentabiliser l'utilisation des lits existants. On poussera des malades dehors pour libérer plus vite un lit, on hospitalisera dans un service de cardiologie un malade entré pour un problème qui relève de la gériatrie, etc. En un mot ils géreront la pénurie actuelle, alors qu'il faudrait ouvrir des lits et embaucher du personnel. De plus, alors qu'il y a urgence, Touraine demande un délai de 18 mois et ne propose des « gestionnaires de lits » que dans 162 hôpitaux.

Quand les médecins urgentistes demandent des mesures rapides, la ministre de la Santé leur demande de patienter. Quand ils demandent des moyens, elle leur demande de faire plus avec moins. C'est la ministre d'une santé au rabais.

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