Toulouse : Assises de l'éducation prioritaire Une vaste hypocrisie !23/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2360.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Toulouse : Assises de l'éducation prioritaire Une vaste hypocrisie !

Dans le cadre de la future loi de refondation de l'école, les enseignants des écoles et collèges de l'éducation prioritaire étaient convoqués, mercredi 9 octobre, par leur ministère, paraît-il pour dresser un bilan de la situation actuelle et faire remonter des propositions. Lorsqu'elle a été mise en place dans les années 1980, l'éducation prioritaire avait vocation à être un dispositif transitoire de rattrapage des conséquences des inégalités sociales sur le niveau scolaire. Elle concerne aujourd'hui près de 20 % des élèves.

Alors que le ministère, sous prétexte de la réforme des rythmes scolaires, a supprimé aux enseignants du primaire les temps de réunion du mercredi matin, voilà que du jour au lendemain une demi-journée sans élèves était organisée : parents et enseignants étaient prévenus seulement quatre jours à l'avance. Il s'agissait de faire semblant de demander l'avis des enseignants sur la question. Car en réalité, quand on lit le « rapport de diagnostic sur l'éducation prioritaire », il est clair que son objectif est d'économiser encore une fois sur les moyens consacrés à l'éducation.

Par exemple, il est écrit dans ce rapport que le nombre réduit d'élèves par classe « ne semble pas produire un effet positif notable sur la réussite scolaire des élèves ». En fait, ils n'en savent rien, puisque cela « semble », ce qui n'a pas empêché les effectifs par classe d'augmenter au cours des années, au point de ne plus être significativement différents de ceux des classes hors éducation prioritaire ! Tous les enseignants de ces secteurs savent bien que cette hausse continue et aura des effets dramatiques. Ils mesurent également au quotidien combien la suppression des Rased (réseaux d'aide aux élèves en difficulté) pénalise les plus fragiles. Ils constatent aussi comment la dégradation de la situation sociale des familles (45 % de chômage dans le quartier du Mirail) et le désengagement de l'État dans ces quartiers se répercutent sur les difficultés scolaires.

Ce que prépare le ministre socialiste de l'Éducation est assez clair : une éducation à deux vitesses, avec des établissements de centre-ville, qui formeront les élèves vers des études longues ; ceux classés en zone « éducation prioritaire », qui n'auront comme seule ambition que le minimum.

Alors, dans ces réunions organisées par le ministère sur Toulouse, les enseignants ont exprimé leur colère. Au collège Raymond-Badiou dans le quartier de la Reynerie, la moitié des présents ont refusé de participer aux groupes de travail. Au collège George-Sand, un texte a été lu par une enseignante avant même que les représentants de la hiérarchie puissent commencer leur intervention. Les responsables ont eu du mal à faire taire les applaudissements, et tout le long de leur intervention ils ont été interrompus par les remarques des enseignants. Dans les autres collèges, la colère s'est aussi exprimée.

Il ressort de ces assises que les enseignants savent très bien ce dont ils ont besoin pour faire progresser les élèves issus des milieux les plus défavorisés : d'avantage d'enseignants et du personnel pérenne, moins d'élèves par classe, le retour des Rased ... En un mot : plus de moyens.

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