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- Lutte ouvrière n°2341
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Leur société
Le décès de Pierre Mauroy : « homme du peuple »... au service de la bourgeoisie
En effet, Mauroy n'avait pas grand-chose d'un défenseur des intérêts des travailleurs, ce que Juppé pour la droite a résumé en le qualifiant de « grand serviteur de l'État ».
Pierre Mauroy a adhéré au Parti socialiste alors que celui-ci avait déjà, depuis longtemps, abandonné l'idéal socialiste pour devenir un parti réformiste bien intégré dans la vie politique française. Mauroy était l'admirateur et le soutien inconditionnel d'un autre dirigeant socialiste, Guy Mollet, qui intensifia la guerre d'Algérie lorsqu'il fut président du Conseil de la IVe République, envoya là-bas les jeunes du contingent.
C'est ce même Mauroy, devenu Premier ministre de Mitterrand, qui lança la politique de blocage des salaires en 1982. C'est lui qui supprima l'indexation des salaires sur les prix.
Parmi les réalisations qu'on lui attribue, il y eut les nationalisations, dont le patronat ne souffrit pas, tant les indemnisations furent généreuses. Il n'en fut pas de même pour les travailleurs. Après deux ans de gouvernement, il y eut à partir de mars 1983 le « tournant de la rigueur » et l'amorce du démantèlement de la sidérurgie.
C'est encore Mauroy qui, en janvier 1984, qualifia la grève des ouvriers de l'usine Talbot (aujourd'hui PSA) de Poissy, en banlieue parisienne, de « grève des ayatollahs », alors que les travailleurs se battaient contre des licenciements.
Les commentaires élogieux ne manquent pas d'évoquer ses origines humbles, son attachement à sa région du Nord et à ses couches populaires. Ce côté « homme du peuple » a été bien utile à la gauche pour cautionner une politique profondément anti-ouvrière. Car cette affection, réelle ou supposée, pour la population pauvre n'est pas allée jusqu'à en défendre les intérêts. Au contraire, si Mauroy a été un grand homme politique, alors c'était au service du patronat.