Michelin – Joué-lès-Tours : Patron rapace et licencieur !12/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2341.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin – Joué-lès-Tours : Patron rapace et licencieur !

C'est par des alertes sur les portables au cours de l'équipe du soir, vendredi 7 juin, ou carrément en lisant la une du quotidien local, La Nouvelle République, du lendemain que les travailleurs de l'usine Michelin de Joué-lès-Tours ont appris que leur patron envisageait la suppression de plus de 700 postes, là où ils ne sont déjà plus qu'à peine 930.

En fait, voilà des semaines que l'inquiétude règne depuis que Michelin a distillé l'idée qu'il y avait une usine de fabrication de pneus pour poids lourds en trop en France, entre celle de Joué-lès-Tours et celle de La Roche-sur-Yon.

Récemment, la direction locale avait déploré le « vieillissement » de l'usine tourangelle, où environ les deux tiers des salariés ont dépassé la cinquantaine. Mais voilà des années qu'il n'y a plus d'embauches, à part quelques jeunes en contrats de professionnalisation, qui ont presque tous été renvoyés fin 2012. L'usine avait déjà subi une coupe claire en 2010 avec la suppression de 340 emplois par le biais de préretraites.

Les choix du patron sont d'autant plus révoltants que Michelin est un groupe archi-florissant, qui a aligné un bénéfice net de 1,6 milliard pour 2012, en hausse sur l'année précédente. Et le bénéfice envisagé pour cette année, au vu des résultats du premier trimestre, ne sera pas en reste.

Le PDG de Michelin, Senard, a officialisé les suppressions d'emplois en disant avec cynisme qu'il valait mieux le faire « dans la sérénité » et « ne pas attendre que la situation économique soit difficile ». Michelin, ce groupe français implanté dans le monde entier, riche à milliards depuis plus d'un siècle, sacrifie donc 700 travailleurs de Joué et leurs familles simplement pour accroître sa compétitivité et ses profits.

Les ministres, Sapin et Montebourg, se sont rangés derrière les arguments de Michelin, en disant en substance : « Il faut que les entreprises françaises soient compétitives, merci à Michelin qui garde une usine de pneus poids lourds et qui a promis plus de 100 millions d'investissements en France... »

Pour les salariés contraints d'abandonner maison, emploi du conjoint, pour se lancer dans l'inconnu, c'est la catastrophe. Il y en a pour qui la rancœur est double : il y a huit ans, Michelin a fermé leur usine de Poitiers et leur a proposé le reclassement... à Joué-lès-Tours. Ceux qui ont refusé (plus de 100 sur 600) ont été licenciés.

La colère et l'écœurement dominent chez tous les ouvriers. Toute la journée du lundi 10 juin s'est passée à discuter des mensonges des patrons, de leurs promesses non tenues, de leur cynisme révoltant. À 5 heures, accompagnée par les syndicats CGT et Sud, l'équipe du matin n'a pas pris le travail, le directeur de l'usine étant vivement attendu pour des explications. Après avoir tenté de proposer des informations par ateliers, puis sans la présence des journalistes, il a refusé de s'adresser publiquement aux travailleurs rassemblés et a carrément disparu une bonne partie de la journée.

Les plus anciens des travailleurs peuvent attendre bien sûr des mesures qui leur permettront d'échapper un peu plus tôt au bagne des 3x8. Mais, selon les propres chiffres de la direction, au moins 480 travailleurs ne pourraient en bénéficier et se verraient contraints à choisir entre deux propositions de mutations à plus de 100 kilomètres au minimum ou d'hypothétiques reconversions.

Et les primes que Michelin ne va pas manquer de marchander avec les représentants syndicaux ne compenseront jamais la violence de cette agression patronale à grande échelle.

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