Eurocopter – Marignane (Bouches-du-Rhône) : Malgré les efforts de la direction, débrayage pour la prime12/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2341.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Eurocopter – Marignane (Bouches-du-Rhône) : Malgré les efforts de la direction, débrayage pour la prime

Le 5 juin, le contraste entre les profits engrangés par EADS et la baisse du montant de la prime d'intéressement a provoqué un débrayage à l'usine de fabrication d'hélicoptères Eurocopter à Marignane, où travaillent, tout compris, environ 10 000 personnes. On n'avait pas vu cela depuis des années, car la direction déploie beaucoup d'énergie pour empêcher quelque manifestation que ce soit.

Quand la direction a annoncé pour 2012 des primes de participation et d'intéressement à la baisse, alors qu'EADS a obtenu un milliard et demi de bénéfices et que le chiffre d'affaires de son entité Eurocopter a progressé de 16 %, battant ainsi le record de 2011, un vif mécontentement s'est exprimé dans l'usine. La prime atteignait 1 800 euros brut environ cette année, loin des espoirs de chacun. Dans plusieurs secteurs, des adhérents demandaient aux délégués FO et CFDT, syndicats majoritaires, d'organiser une action. Gênés, ceux-ci expliquaient : « Tout n'est pas possible », l'entreprise « ne va pas si bien que cela », etc.

En chaîne NH90, des travailleurs se regroupaient pour en parler, et jeudi 30 mai ils se retrouvèrent durant la pause, demandant à la CGT de prévoir une action. Malgré la présence de la maîtrise qui incitait les ouvriers à rentrer travailler, la pause se prolongea. Un débrayage fut prévu pour le mercredi 5 juin.

La nouvelle de la réunion au NH90 se répandit dans l'usine, surtout sur les chaînes de montage, grâce aux coups de téléphone aux collègues travaillant ailleurs. À l'approche du débrayage, les Ressources humaines et la hiérarchie ne manquèrent pas de faire la chasse aux tracts y appelant. Les délégués des autres syndicats déconseillaient fortement à leurs adhérents de sortir : c'était inutile, disaient-ils, puisque eux allaient négocier !

Ailleurs, au R2 ou aux machines-outils (bâtiment N), les tracts disparurent, la maîtrise les enlevant lors des pauses ou pendant la nuit. Un responsable d'atelier se rendit célèbre en demandant la veille aux ouvriers de l'équipe d'après-midi s'ils feraient grève, tentant de les dissuader, mais les informant ainsi de l'appel à la grève, qu'ils ignoraient puisque tous les tracts du secteur avaient disparu !

Les pressions furent nombreuses, la maîtrise convoquant des ouvriers individuellement et en groupes et menaçant individuellement les jeunes embauchés : « Si tu débrayes, je briserai ta carrière », « Si tu débrayes, fini ta mutation ».

Malgré tant d'efforts de la direction, le 5 juin à 13 h plus de 300 personnes, de tous les syndicats ou non-syndiquées, se sont rassemblées devant l'entrée principale de l'usine. Des interventions rappelèrent les bénéfices d'une part et tout le travail d'autre part. La revendication de revenir aux primes de 2008 fut votée. Pendant ce temps, les équipes de vigiles étaient doublées, le responsable de la sécurité patrouillait, et une cadre juridique observait en téléphonant de l'autre côté de la route.

À la suite du rassemblement, la maîtrise de la Tôlerie (le bâtiment M), dont beaucoup d'ouvriers étaient sortis, les attendait à la porte, bras croisés, en rang, l'air grognon. Les ouvriers qui défilaient devant eux, retournant au travail après le débrayage, étaient plutôt amusés. À la Révision mécanique, la hiérarchie fit courir le bruit qu'en cas de plan social, les grévistes seraient les premiers licenciés.

Tout cela n'a pas démoralisé les ouvriers, très fiers de leur geste, mais cela en dit long sur le régime que la direction d'Eurocopter voudrait faire régner dans l'usine.

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