Bosch – Rodez : Un accord d'entreprise comme les aime François Hollande12/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2341.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bosch – Rodez : Un accord d'entreprise comme les aime François Hollande

Le 24 avril, la direction de Bosch a validé l'accord de compétitivité signé entre toutes les organisations syndicales (CGT, CFDT, CGC, Sud) et le patron du site Bosch situé à Onet-le-Château, près de Rodez, où 1 550 travailleurs fabriquent des injecteurs pour la filière Diesel. Et le 29 mai, François Hollande leur rendait visite pour saluer un accord dont il attend qu'il fasse des émules.

« Des solutions sont possibles si tout le monde accepte de faire des efforts », a déclaré le PDG de Bosch France, Guy Maugis. Mais comme l'explique un communiqué de presse de la direction, l'accord entend surtout « améliorer la compétitivité et l'attractivité du site » et « l'efficacité et la performance industrielle », au prix d'une « flexibilité accrue » pour les travailleurs.

Le groupe Robert Bosch est un groupe prospère, spécialiste de l'équipement automobile et industriel. Il annonce un effectif de 300 000 travailleurs dans le monde dont environ 7 700 en France et affichait en 2012 un résultat de 2,8 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires de 52,5 milliards. Bosch a déjà prévu qu'en 2013 son chiffre d'affaires augmenterait de 2 à 4 %. Pour cela, il entend poursuivre ce qu'il appelle « la limitation des coûts fixes ».

Dans un groupe où se multiplient les fermetures de sites (Beauvais, Pont-de-l'Arche) ou les menaces (Vénissieux, Bonneville), les baisses d'effectifs (celui de Mondeville divisé par deux) ou carrément les ventes de sites (Angers et une partie de Drancy), le chantage à la fermeture est une arme de la direction. Comme l'a admis le représentant de Sud : « Il ne faut pas se voiler la face, c'est un accord de flexibilité. C'était ça ou perdre la fabrication, voire fermer l'usine ».

En fait d'« efforts partagés », les efforts réels vont reposer sur les travailleurs. L'accord prévoit, dans un groupe où les salaires sont médiocres, une « modération salariale significative » pour 2014 (pas de hausse des salaires dépassant 0,6 %) ; un dispositif de départs volontaires avec 112 départs en retraite d'ici juin 2014. En contrepartie, il y aura 21 embauches, soit cinq emplois supprimés pour un seul créé. La direction pourra disposer de la moitié des jours de RTT (dix jours pour les ouvriers et six pour les cadres). En cas de hausse de l'activité, les travailleurs pourront travailler jusqu'à dix jours de plus sans hausse du salaire et cela, au moins pour les trois ans à venir !

La direction met en avant le fait qu'elle va investir 29 millions d'euros pour maintenir l'activité pendant cinq ans. Mais rapporté aux économies qu'impose cet accord aux travailleurs, évaluées à 9,2 millions d'euros par an, le compte est vite fait : l'accord coûterait 29 millions à la direction mais 46 millions aux travailleurs.

Hollande a salué en Bosch « l'employeur allemand le plus important de France » et « le symbole de l'amitié franco-allemande », mais aussi les syndicalistes signataires pour leur sens du « dialogue et de la concertation ». Quant à l'accord c'est, selon lui « un bon accord » qui assure « une visibilité, une clarté, pour cinq ans au moins ». Pour les patrons de Bosch, peut-être, et qui sait s'ils ne recommenceront pas leur chantage à l'emploi avant 2018.

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