Europe centrale : Inondations et absence de politique de prévention12/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2341.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Europe centrale : Inondations et absence de politique de prévention

La formidable montée des eaux causées par les pluies diluviennes qui se sont abattues ces derniers temps en Europe centrale a provoqué de spectaculaires inondations dans une vaste partie du continent. La Suisse, l'Allemagne, la République tchèque, l'Autriche, la Slovaquie et la Hongrie sont concernées, notamment au travers des grands cours d'eau qui traversent ces pays : l'Elbe, l'Inn, la Vltava, l'Oder et le Danube. Au moins dix-neuf personnes sont mortes emportées par les eaux, dont cinq en Allemagne, cinq en Autriche, et dix en République tchèque. Sur certaines routes, des camions abandonnés ont fini par disparaître sous le niveau de l'eau. Dans de nombreuses régions, l'eau, l'électricité ou le gaz ont été coupés.

En Allemagne, des dizaines de milliers de personnes ont dû quitter leur maison, des villages ont été évacués après que des digues eurent rompu sous la poussée des eaux ou menacé de le faire comme ce fut le cas à Halle dans l'est du pays, ou à Meissen, la ville de la porcelaine. Des usines ont été mises à l'arrêt comme celle de Porsche près de Dresde ou celle de Volkswagen à Zwickau dans la Saxe, Audi à Györ en Hongrie. Partout, les pompiers, l'armée, mais aussi des dizaines de milliers de volontaires s'efforcent, de jour comme de nuit, de consolider des digues avec des sacs de terre.

Ces crues spectaculaires ne sont pourtant pas une rareté. En août 2002, elles avaient entraîné la mort de plus de cent personnes et des dégâts chiffrés à 14,5 milliards d'euros. À l'époque, les autorités avaient juré leurs grands dieux que les leçons seraient tirées d'une telle catastrophe. Faux, affirment les associations écologiques qui rappellent que, notamment en Allemagne, aucun plan d'ensemble n'a été pris ces dernières années pour faire face aux risques d'inondations majeures. Si les villes de Dresde ou de Prague, très prisées des touristes, ont bénéficié de plans de protection coûteux, cela n'a pas été le cas partout ailleurs.

Avoir une politique d'ensemble contre le risque d'inondations, commencerait par revoir à la hausse les budgets publics pour l'entretien des berges et des digues. Or, partout en Europe, les autorités nationales, régionales ou locales sont engagées dans la réduction des dépenses utiles à la population. C'est pour cela par exemple qu'un projet de creusement d'un vaste bassin de rétention n'a toujours pas vu le jour près de Rosenheim en Bavière.

La prévention butte aussi sur la propriété privée du sol : en Allemagne, le président de la Fédération pour la protection de la nature et de l'environnement disait récemment que les dégâts des inondations auraient été réduits « si on avait mis à disposition de la protection de l'environnement les quelques dizaines de milliers d'hectares identifiés par les experts après la crue de 2002 comme des zones-réservoirs ».

De telles solutions ont déjà fait leur preuve, mais elles ne sont qu'exceptionnellement appliquées. Après la crue catastrophique de 1953 en Autriche, la ville de Vienne avait procédé à des travaux qui, de 1973 à 1987, avaient fait apparaître un canal de dérivation et une île longue de 21 kilomètres à l'est de la ville. Débats et procédures judiciaires avaient duré quinze ans ! Ce qui est maintenant un lieu de baignade et de promenade fort prisé des habitants l'été, sert au printemps à absorber les énormes masses d'eau provoquées par la fonte des neiges, à écrêter les crues et protège la capitale des inondations.

Mais augmenter les budgets d'équipement, réquisitionner massivement des terrains et les mettre au service de la protection des populations et de l'environnement, ce n'est pas ce dont sont capables les gouvernements actuels : préoccupés de soutenir leurs capitalistes dans la crise montante, ils le sont beaucoup moins de la gestion des risques naturels.

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