Les « Assises de l'automobile » CGT : Discuter d'une « autre politique industrielle », c'est discuter sur le terrain du patronat !12/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2341.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les « Assises de l'automobile » CGT : Discuter d'une « autre politique industrielle », c'est discuter sur le terrain du patronat !

Mercredi 5 et jeudi 6 juin se sont tenues les Assises de l'automobile de la CGT. 180 militants se sont retrouvés, venant des usines de Renault, PSA, Toyota et Ford, mais aussi beaucoup de militants des entreprises sous-traitantes (Valéo, Bosch, Vistéon, etc.). Pour les militants, ce type de rassemblement devrait être utile et permettre non seulement de se rencontrer, mais d'échanger des expériences et de débattre des perspectives de luttes.

La première matinée a bien été consacrée aux interventions des militants d'entreprise. Cela a permis de constater directement que partout, les patrons essayent d'imposer le blocage des salaires, l'allongement du temps de travail, les suppressions d'emplois, l'augmentation des cadences de travail et les fermetures d'usine. Les patrons mènent une véritable guerre, une offensive concertée contre les travailleurs, qui n'est d'ailleurs pas propre au secteur automobile, mais qui vise l'ensemble du monde du travail avec le soutien de plus en plus ouvert du gouvernement.

Les militants ont pu faire le point sur la situation et les résistances qu'ils ont essayé d'opposer, avec plus ou moins de succès, aux attaques menées par les patrons. Des militants de PSA ont parlé de leur grève récente à Aulnay et des militants de Renault de la résistance à l'accord de compétitivité voulu par la direction.

À travers le débat avec des syndicalistes allemands de l'IG-Metal, italiens de la Fiom-CGIL et belges de la FGTB, il en ressortait aussi que, quel que soit le pays, des travailleurs tentent de s'opposer aux attaques des patrons et des gouvernements, et des militants essayent, dans des conditions souvent difficiles, d'organiser les luttes nécessaires. Et c'est sur ce terrain que les débats entre militants de la classe ouvrière sont utiles et même indispensables.

Mais les débats préparés par la Fédération des travailleurs de la Métallurgie CGT étaient bien loin de l'enjeu et des attentes des militants. Beaucoup ont été surpris, voire choqués, que le reste de la journée soit consacré, non pas à la meilleure façon de riposter et s'organiser face aux attaques des patrons pour ne pas se retrouver isolés et le dos au mur, mais... au moteur de l'avenir ! En effet, il a été consacré à disserter $ndash; à partir de l'exposé de cabinets d'experts choisis par la CGT $ndash; des avantages comparés des moteurs Diesel, électriques ou hybrides ! Ces discours des cabinets d'experts ne différaient pas de ce qu'on peut entendre au cours de briefings patronaux dans les usines.

Comme si, surtout, l'avenir des travailleurs dépendait de la stratégie industrielle des patrons et non de leur riposte aux attaques. Quand la direction de la CGT parle des « propositions CGT pour le développement de l'emploi dans la filière automobile en France », d'une « autre politique industrielle » à proposer, eh bien, elle fait débattre les militants ouvriers sur le terrain des patrons, et non sur celui des travailleurs. Et c'est bien le problème.

Un militant de Toyota Valenciennes a rappelé fort justement que ce qui préoccupe les salariés n'est pas le type de moteur qui équipera les voitures en 2020, mais d'avoir un emploi avec un salaire qui leur permette de vivre dignement.

Il ne suffit pas de réunir des militants pour que surgissent des luttes collectives. Mais on peut au moins discuter de cette nécessité, au lieu de remplir le vide avec les préoccupations patronales. Cela éviterait de laisser les militants sans perspective alors que le gouvernement, dans la droite ligne de Sarkozy, veut faire passer un nouveau recul, avec la « conférence sociale » qui va débuter. Dans ce contexte, l'appel de la CGT à une journée d'action interprofessionnelle le 19 juin et de la Fédération de la Métallurgie à un rassemblement en septembre devant le Salon professionnel des équipementiers automobiles ne peuvent pas passer pour une volonté réelle des directions syndicales de préparer les mobilisations nécessaires.

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