Grève européenne des contrôleurs aériens : Les profits montent au ciel, et y font des dégâts12/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2341.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Grève européenne des contrôleurs aériens : Les profits montent au ciel, et y font des dégâts

Craignant une participation massive à la grève du contrôle aérien et anticipant une pagaille monstre dans les aérogares le 12 juin, le gouvernement avait demandé aux compagnies aériennes d'annuler la moitié de leurs vols à partir de Roissy, Orly, Beauvais, Lyon, Nice, Marseille, Toulouse et Bordeaux. À Montpellier, l'aéroport a dû fermer.

Même si le droit de grève des salariés de la navigation aérienne est limité par la loi, qui les oblige à assurer un service minimum, les répercussions de ce mouvement de protestation ne pouvaient qu'être importantes. En effet, la CGT, FO, la CFDT et l'Unsa qui appelaient à faire grève trois jours, ainsi que le SNCTA (autonomes), même s'il a finalement écourté sa participation. Et d'autres syndicats faisaient de même dans d'autres pays : Belgique, Grande-Bretagne, Italie, Portugal, Autriche, Bulgarie, République tchèque, Slovaquie, Hongrie. Autant dire que c'est à un mouvement touchant le contrôle aérien d'une grande partie de l'Europe que l'on assiste.

Les raisons du mé­conten­tement ne sont pas nouvelles. Elles sont liées à la volonté des autorités, sous couvert d'instaurer ce qu'elles appellent le Ciel unique européen, de livrer au privé toujours plus d'activités du contrôle aérien et de la régulation du trafic qui relèvent encore du service public.

Ainsi, le 10 juin, la Commission européenne a publié un texte intitulé Ciel unique 2+ qui, sous prétexte d'augmenter les performances de la navigation aérienne, éclaterait ce secteur. Ce secteur $ndash; qui relève en France de la DGAC, Direction générale de l'aviation civile, donc de la fonction publique $ndash; se verrait ainsi externaliser par petits bouts afin de le livrer à la concurrence systématique, en commençant par des services que la Commission européenne présente comme « annexes » : information aéronautique et météo, écoles de formation, etc.

Outre livrer des pans entiers de la navigation aérienne aux appétits des capitaux privés, le but des projets tournant autour du Ciel unique est de réduire massivement les coûts du secteur. Cela se fait au détriment des personnels concernés et, aussi, de la sécurité des passagers, comme l'ont montré plusieurs catastrophes survenues dans des pays où on avait déjà engagé pareilles mesures.

Derrière cela, il y a également la pression des compagnies aériennes, à commencer par les plus grandes, toutes déjà plus ou moins privatisées. Elles cherchent à augmenter leurs profits en réduisant leurs coûts, bien sûr en supprimant des emplois $ndash; la même recette qu'emploie partout le patronat $ndash; mais aussi en réduisant les redevances qu'elles doivent verser aux aéroports et aux divers services publics qu'elles utilisent.

Les travailleurs du contrôle aérien ont bien raison de refuser cette privatisation qui ne dit pas son nom, mais dont les conséquences ne pourraient qu'être catastrophiques, aussi bien pour les usagers du transport aérien que pour les salariés du secteur et, plus généralement, pour les populations que survolent chaque jour des milliers d'avions.

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