Certains – notamment parmi les milieux dirigeants des centrales syndicales – aiment à pointer du doigt « Bruxelles » ou la Commission européenne chaque fois qu'ils le peuvent. Dans les projets de plus en plus poussés de privatisation du contrôle aérien, de nombreux dirigeants syndicaux ne se font ainsi pas faute de mettre régulièrement en cause « Bruxelles », comme si Paris, Berlin ou Londres n'y étaient pour rien.

Cette fois-ci, les mêmes se sont en outre félicités que les ministres français et allemand des Transports aient envoyé une lettre critique, signée de leurs deux noms, au commissaire européen du même secteur de compétence qu'eux.

Dans leur lettre, les compères des gouvernements français et allemand émettent des réserves sur le projet Ciel unique 2+. Expliquant que le système actuel $ndash; une première mouture du Ciel unique qu'ont voulue les gouvernants européens et qu'ont à juste titre dénoncée les travailleurs du secteur aérien $ndash; apporte déjà de substantielles améliorations de rentabilité, ils ajoutent en substance qu'il ne faut pas se hâter de passer à une seconde phase, difficile à mettre en place, disent-ils, et qui ajouterait un « fardeau » de nouvelles dépenses pour les États, au moins dans un premier temps, alors que le climat général du trafic aérien n'est guère dynamique.

Derrière les mots, les représentants des deux États qui dominent la zone euro passent donc un savon au commissaire européen en lui demandant de revoir sa copie. Le fera-t-il ? Si c'est le cas, et vu les arguments avancés, il y a peu de chances que ce soit dans un sens favorable aux travailleurs. Les organisations syndicales feraient mieux de ne pas s'appuyer sur des propos de ministres.