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- Lutte ouvrière n°2341
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Leur société
Les grandes fortunes et l'impôt : « Nul devoir ne s'impose aux riches » (l'Internationale)
Il était interrogé sur les relations, qui font actuellement l'objet d'une enquête de la justice, entre l'affairiste Tapie et le secrétaire général de l'Élysée de l'époque, Guéant. Souligner la banalité de ce genre de pratiques était sans doute pour Guaino une façon de défendre son ancien collègue. Ce cynisme sans fard a le mérite de la franchise.
Un avocat spécialiste des grandes fortunes confirme : « Ce que dit Guaino est vrai. » Et il explique que les riches pratiquent couramment ce chantage : « Ou vous m'exonérez, ou je quitte la France. » Affichant une prétendue loyauté à l'égard de l'État, ceux qui restent – les plus nombreux – en tirent largement avantage, se payant les services de conseillers au sein de l'administration fiscale pour établir des montages financiers plus ou moins complexes leur permettant de diminuer au maximum le montant de leurs impôts. Jusqu'il y a peu existait même une cellule spécialisée à la Direction générale des finances publiques, destinée à trouver des arrangements avec les grandes fortunes, toujours sous prétexte de les inciter à rester en France.
Le couturier Karl Lagerfeld se serait ainsi arrangé il y a quelques années pour n'avoir à payer que la moitié de la somme qu'il devait à l'État, autour de 90 millions d'euros. Liliane Bettencourt pour sa part, l'une des premières fortunes de France, avait carrément obtenu en 2010, grâce au bouclier fiscal de Sarkozy, que le fisc lui rembourse plus d'argent (150 millions) que le montant de son impôt sur le revenu (112 millions). Et avec Hollande, malgré la suppression du bouclier fiscal, le fisc s'apprête à lui verser près de 47 millions d'euros en 2012 !
De façon ouverte, et qui plus est en mettant à disposition ses propres conseillers, l'État aide ainsi les plus riches à se comporter comme des fraudeurs envers le fisc, détournant des caisses publiques une partie importante de l'argent qui serait nécessaire à la satisfaction des besoins de la population. Et les mêmes qui sont au service de ces riches osent nous parler du déficit de l'État, chaque fois qu'ils prennent un peu plus dans nos poches.