Face à la politique de division du patronat : Égalité des droits pour les travailleurs « détachés » !12/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2341.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Face à la politique de division du patronat : Égalité des droits pour les travailleurs « détachés » !

Sur les chantiers ou dans l'agriculture notamment, quelque 150 000 travailleurs, en provenance de Pologne, de Roumanie, du Portugal, etc., sont « détachés » pour une mission en France, souvent avec un salaire de misère. Et ils seraient en réalité le double, en comptant ceux des entreprises qui ne les déclarent pas.

Les rapports parlementaires se succèdent, soulignant que le travailleur « détaché » hors du pays de l'entreprise qui l'a embauché est un véritable « esclave moderne », soumis bien souvent à des dérives mafieuses. Ignorant le plus souvent ses droits, il « peut dormir dans des hangars ou sur une simple paillasse, être nourri de boîtes de conserve pendant des semaines ». De telles situations sont « loin d'être marginales ». En conséquence, la directive européenne qui prévoit, en principe, l'application du droit du travail du pays d'accueil, n'a que fort peu d'effet. Et la refonte en cours de cette directive ne sera sans doute pas plus efficace.

De son côté, le syndicat patronal du bâtiment vient de proposer des mesures de contrôle et de répression contre les entreprises qui « viennent déstabiliser le marché, au mépris de toutes les réglementations qui s'imposent aux autres ». C'est faire silence sur le fait que ces mêmes lois du marché bénéficient également aux patrons... français ! Car, même s'il faut remonter tout une chaîne d'intérim et de sous-traitants – huit ou neuf sur certains chantiers – on a trouvé ces dernières années comme bénéficiaires les Chantiers de l'Atlantique, Bouygues, Eiffage, EDF, Alstom, et aussi des patrons de moindre importance. Un rapport parlementaire relève par exemple que « dans l'Eure, les agents de contrôle signalent le recours de plus en plus fréquent à des sociétés de travail temporaire, domiciliées à la même adresse que des entreprises étrangères du secteur du BTP ou de la maintenance, et proposant à certaines entreprises du département des mises à disposition de salariés à un coût très inférieur ».

Ainsi, le patronat français a deux visages : la grimace pour dénoncer le « dumping social » dont il serait la victime, et une face plus discrète qui montre que certains de ses membres en sont les bénéficiaires. En face, il ne doit y avoir en revanche qu'un visage et qu'un langage : celui d'une seule et même classe ouvrière, sans frontière, qui refuse que les travailleurs soient mis en concurrence et qui lutte pour l'égalité des droits.

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