Saint-Jean industries Poitou : Le discours patronal ne passe plus04/02/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/02/2427.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Saint-Jean industries Poitou : Le discours patronal ne passe plus

Le 20 janvier dernier, la direction de la fonderie Saint-Jean industries, à Ingrandes-sur-Vienne, a organisé une série de réunions visant à informer l'ensemble des ouvriers, techniciens et employés des bureaux, des perspectives de production pour les mois à venir.

Depuis la reprise de la fonderie par Saint-Jean industries en 2012, les discours n'ont pas manqué pour inviter les travailleurs à la patience, leur promettre un avenir basé sur la diversification de la production, quand ce n'était pas au contraire sur la spécialisation dans la culasse, leur « coeur de métier ».

Cette fois, lorsque le directeur a annoncé que la production de pièces pour Fiat se ferait, non à Ingrandes comme prévu, mais en Croatie, les réactions ont fusé. Ce n'est pas les travailleurs de cette usine que Saint-Jean possède dans une zone franche de Slavonski Brod qui ont été la cible de la colère, mais bien les patrons, qui exploitent les uns et les autres et les baladent de promesses en engagements non tenus. Et quand le directeur a osé dire qu'il fallait tout de même garder confiance, que d'ailleurs l'activité Fiat pourrait revenir à Ingrandes au deuxième semestre 2016, la réplique a été immédiate : « On ne vous croit pas et c'est vous que l'on tiendra pour responsable de ce qui arrivera. »

La filialisation de l'activité prototype a aussi été évoquée. La direction a tenté d'assurer qu'il ne s'agissait que d'un projet, mais les ouvriers ne sont pas dupes. Ils savent qu'il s'agit de mettre à part un secteur devenu récemment particulièrement rentable.

Quoi qu'il en soit, la direction conditionne ses quelques fragiles promesses à la signature d'engagements de commandes que Renault, principal donneur d'ordres de l'usine, devrait prendre le 31 mars, garantissant la production de culasses pour cinq ans. Elle a même invoqué le ministère du Redressement productif, impliqué paraît-il par cette signature : pas plus crédible qu'une parole de patron !

Dans les ateliers, l'inquiétude quant à l'avenir monte, en même temps que le sentiment qu'il n'est pas question de se laisser faire. Si la direction a préféré s'adresser directement aux travailleurs, en prenant soin tout de même de couper en deux l'effectif de chaque équipe, plutôt que de s'en tenir aux annonces du comité d'entreprise extraordinaire qui a eu lieu le 13 janvier, c'était pour tenter de calmer les esprits. Elle en est ressortie piteuse : les ouvriers n'entendent pas se laisser berner par les excuses que se donne par avance la direction. Et ils en ont par-dessus la tête de voir les patrons se défiler de leurs responsabilités, après leur avoir seriné toute l'année dernière que ce qui plombait l'avenir, c'était les salaires trop hauts, les pauses trop longues, les effectifs trop nombreux ou les accords d'entreprise trop favorables. Eux font des profits, quand les travailleurs n'ont que leurs emplois et leurs salaires pour vivre. Alors, être compréhensifs, c'est terminé !

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