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Égypte : Une militante de gauche tuée par la police
Vidéos amateurs et témoignages montrent clairement la responsabilité des forces de police, armées jusqu'aux dents, face à une frêle manifestante. Seule une vingtaine de manifestants pacifiques se trouvaient là, après l'envoi de gaz lacrymogènes ayant dispersé les passants. Plusieurs de ses camarades lui portant secours ont ensuite été arrêtés.
Les sbires ont tué cette militante parce qu'elle défiait le pouvoir qui interdit les rassemblements, sans doute aussi parce qu'elle était une femme.
Son enterrement à Alexandrie a lui aussi donné lieu à une manifestation, tandis qu'une autre jeune manifestante de 18 ans était tuée.
Défiant la loi qui, depuis octobre 2013, interdit les rassemblements « non autorisés », les participants portaient des photos du ministre de l'Intérieur barrées du slogan « Recherché, le meurtrier de Shaima al-Sabbagh ». D'autres rassemblements ont eu lieu, à l'initiative de partisans du président déchu Morsi, membre de la confrérie des Frères musulmans, déclarée « terroriste » par le régime du maréchal al-Sissi. Plusieurs centaines d'arrestations auraient eu lieu, comme s'en vante le ministère de l'Intérieur.
L'armée, officiellement sur le devant de la scène en Égypte depuis juillet 2013, est responsable de la mort de plus de 1 400 manifestants, pour la plupart partisans de Morsi, de centaines de condamnations à mort de Frères musulmans, et de 15 000 arrestations ; parmi eux se trouvent aussi des dizaines de manifestants de gauche qui contestaient la nouvelle forme de dictature des généraux.
La bande du vieux dictateur déchu Moubarak, elle, n'a jamais vraiment quitté les arrière-cours du pouvoir, tandis que ses fils ont été récemment remis en liberté. Quant à l'ensemble de la population, écrasée par la bourgeoisie égyptienne, les retombées de la crise et l'avidité des financiers internationaux, elle attend toujours que les slogans de 2011, réclamant le pain et la liberté, trouvent un minimum de concrétisation.