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Leur société
Comptes de campagne : Roland Dumas et ses combines
Déjà en 2011, recouvrant un peu tardivement la mémoire, un des membres du Conseil constitutionnel de 1995 avait révélé les magouilles de cette haute autorité. Il se souvenait que les comptes de Balladur montraient une recette de plus de 10 millions de francs en espèces et dont l'origine était inconnue. Ce devait être la recette de la vente de tee-shirts à l'effigie du candidat, disait son équipe... Quoi qu'il en soit, les comptes devaient donc être rejetés et les dépenses de Balladur non remboursées. Roland Dumas serait alors intervenu, rappelant que les comptes de Chirac n'étaient pas conformes eux non plus, qu'il faudrait donc les rejeter eux aussi mais que, Chirac étant désormais président de la République, ce serait une autre paire de manches. Il avait donc demandé aux rapporteurs de commission et autres spécialistes en comptabilité de bien vouloir réexaminer les comptes de Chirac et de Balladur, de les arranger afin de les rendre orthodoxes.
En 2011, à la suite de cette confession d'un membre du Conseil, Roland Dumas s'était abstenu de tout commentaire. Aujourd'hui, sans honte, il avoue, persiste et signe : « Que faire ? dit-il. C'était un grave cas de conscience. J'ai beaucoup réfléchi. Annuler l'élection de Jacques Chirac aurait eu des conséquences terribles. J'ai pensé à mon pays. Je suis un homme de devoir. Nous avons finalement décidé, par esprit républicain, de confirmer, à l'unanimité au deuxième tour, son élection présidentielle. » Et il ajoute : « Je suis convaincu que j'ai sauvé la République en 1995. » Telle est la morale de ces hauts dignitaires de l'État, ou plutôt telle est la mesure des services qu'ils sont prêts à offrir pour maintenir la stabilité de cet État.
Lors de cette élection présidentielle de 1995, les mêmes « sages » du Conseil constitutionnel, qui s'activaient à maquiller les comptes de campagne de Balladur et de Chirac, validaient celui d'Arlette Laguiller. Les dépenses de la candidate de Lutte Ouvrière (un peu plus de 11 millions de francs) étaient loin d'atteindre le plafond autorisé par l'État (plus de 32 millions de francs). Mais les « sages » refusèrent d'en rembourser une partie - 7 millions de francs, soit presque 1 million d'euros - , dans le but de frapper au porte-monnaie son parti, Lutte Ouvrière, sous le prétexte totalement formel que c'était lui qui avait réglé directement cette somme et non le mandataire de la candidate.