Espagne : Podemos après Syriza ?04/02/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/02/2427.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : Podemos après Syriza ?

Samedi 31 janvier, 100 000 manifestants selon la police, 300 000 selon les organisateurs, ont participé à Madrid à la « marche du changement » appelée par Podemos, dont la figure de proue est Pablo Iglesias.

Depuis plusieurs mois, Podemos progresse dans les sondages, dépassant même les deux grands partis politiques qui se sont succédé au pouvoir en Espagne depuis la fin du franquisme. Pablo Iglesias affirme que son parti est en situation de remporter la majorité et de succéder au pouvoir au leader de la droite, Mariano Rajoy, qui symbolise l'austérité, la soumission aux institutions européennes et la corruption.

Pour les dirigeants de Podemos, le succès électoral de Syriza en Grèce annonce leur futur succès en Espagne. L'ampleur de la manifestation du 31 janvier montre que cet espoir est partagé par une partie de la population. Il est prévisible qu'au fil des élections à venir, d'abord celles du gouvernement de l'Autonomie en Andalousie en mars prochain, puis lors des élections municipales de mai, Podemos se renforcera électoralement. Il n'est pas exclu que les élections législatives générales de novembre 2015 donnent à Podemos et à ses alliés une majorité de députés, et à Pablo Iglesias la charge de chef du gouvernement. Par ailleurs, si Podemos apparaît comme porteur d'un changement, c'est aussi parce qu'il ose défier non seulement Rajoy et la droite, mais aussi les dirigeants du PSOE qui ont trahi, quand ils gouvernaient, les espoirs des classes populaires.

Pablo Iglesias ne considère pas que se réclamer de la classe ouvrière et miser sur le rôle des travailleurs dans la société peut ouvrir les portes d'un changement, car il estime que ce sont des idées dépassées. Il faut chercher d'autres voies, dit-il, et d'abord parvenir au pouvoir. Pour cela il se dit prêt à s'allier électoralement avec IU (Izquierda Unida), la coalition regroupant diverses tendances issues du Parti communiste et des écologistes, ou bien avec le PSOE, ou d'autres courants encore, pour gagner. Ensuite, quand la population se sera débarrassée de la « caste » des « parasites », elle pourra choisir, sans les oeillères du passé et loin des vieux schémas de la lutte des classes, expliquent les dirigeants de Podemos.

En se plaçant sur ce terrain, ils montrent les limites du changement dont ils parlent. Si, jusqu'à présent, le dynamisme et l'optimisme des leaders de Podemos contribuent à redonner le moral à ceux qui veulent que cela change, cela ne suffit pas. Il faut que la classe ouvrière fasse valoir ses objectifs et ses exigences. C'est son intervention qui pourra changer le rapport de force entre ceux qui détiennent le pouvoir économique et ceux qui subissent l'exploitation.

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